Lorsque de la boue s'élève le génie, le roturier devient admiré des nobles. Mais il reste dans leurs ombres, dépendant de leurs humeurs, sujets à mille tourments. Quelle joie pour l'âme libre ?
Lorsque les esprits s'enflamment, quel repos pour le peintre ? Toujours aller de l'un à l'autre, échapper au tigre pour se retrouver entre la gueule du dragon. Quel répit alors pour qui cherche à aller par delà les monts, vagabondant au sein des terres embrumées, au gré des vents, contemplant l'abeille qui se niche au sein de la fleur ?
L'artiste pourtant furieusement peint, vit, dévore et engloutit, jouit et, ivre d'alcool couche sur le tissu ce que lui murmure son être. Élevé pour son art, admiré pour ses talents, méprisé pour sa condition, est-il plus vil par ses pulsions ? Éclatant tel l'orage hurlant, imprévisible, impétueux, puis s'en va sur ses pas au son de la flûte et du khène.
Tout simplement l'histoire d'un homme de passion, résistant au pouvoir sans idéaux, avide de vie, peignant en transcendant les règles établies, en un coup de pinceau rapide capte l'essence du moment, le mouvement, la grâce évanescente de l'instant devient éternelle.
Une histoire si belle et si bien mise en scène par Im Kwon-taek, sobrement, classiquement. Jouissance profonde et calme. Respectueusement, il filme la vie de cet homme, romancée, la vie d'un homme ivre de vivre, d'une flamme qui comme un phare embrase la nuit puis s'évanouit, dans un instant parfait, en un dernier feu...
Et c'est tout ce que j'ai à dire à ce sujet.