"Le bleu qui sort de l'indigo est plus beau que l'indigo lui-même. Mais sans l'indigo, il n'y aurait
Déjà par son titre, Ivre de femmes et de peinture nous interpelle et nous laisse à imaginer toute la grâce et la poésie qu'il peut contenir. Et il ne déçoit pas ! En effet, on ne peut qu'admirer la magnificence des images, chacune plus brillante que la précédente. Entre décors et nature, femmes et peinture, la caméra va et vient, les mêlant tour à tour dans un tourbillon délicat et coloré.
La description du travail du peintre est absolument fascinante, chaque coup de pinceau nous intrigue et nous laisse béat devant le résultat : si les traits nous semblent parfois larges et maladroits dans un premier temps, ils nous apparaissent ensuite d'une merveilleuse finesse et forment un tout d'une fragilité gracieuse. Chaque œuvre finie semble magique d'être si belle et subtile tant elle semblait ordinaire au commencement.
Les femmes quant à elles ne parviennent pas à se faire de l'ombre entre elles, elles se surpassent toutes à leur manière : élégantes, parées de couleurs éblouissantes, elles sont en fait simplement divines.
Fréquemment, pour orner le tout, Im Kwon-taek nous sert de succulents plans de nature. Les arbres, l'eau, la neige, les fleurs et autres merveilles végétales nous apparaissent différemment, comme le peintre est amené à les voir avec un autre regard. La couleur d'un paysage contraste avec le noir et blanc d'un tableau, mais l'un comme l'autre nous fascine de tant d'éclat...
Et si ce film est avant tout esthétiquement somptueux, il est aussi d'un tout autre intérêt puisqu'il porte à l'écran l'histoire d'un artiste, sans les défauts et les frustrations que peut habituellement amener un biopic.
Im Kwon-taek met en scène l'ivresse sous toutes ses formes, formes qui s'assemblent en un tout indissociable, vital pour le peintre. En effet, il ne peut peindre sans les femmes, mais avec une femme à ses côtés il peint, et ce qu'il peint ce sont des paysages... Un moment de toute beauté, "beauté" étant ici à prendre dans le sens qu'on se prête souvent à lier à l'œuvre d'art : car oui, que l'on parle de femmes, de toiles ou de nature, c'est bien l'adjectif qui convient.