Ixcanul est un premier film venu du Guatemala et qui nous raconte l’histoire de Maria une jeune Maya au prénom prédestiné qui va s’émanciper par l’amour, la maternité et le deuil.
Ixcanul semble être un film humaniste et plein d’espoir : une jeune femme suite à une grossesse accidentelle (mais inconsciemment désirée) va échapper au mariage arrangé par ses parents, lesquels soutiennent bienveillamment leur fille. Or, Ixcanul est un film cynique, fataliste et pessimiste : par sa condition sociale, cette jeune fille va perdre son enfant et ses rêves de liberté et il n’y aura que le mariage comme possible ascenseur social. Les constants gros plans que fait le réalisateur Jayro Bustamante font pénétrer le spectateur dans cette modeste famille et le mettent au même niveau que les personnages ; émerveillés par la nature (pourtant connue par les personnages depuis leur naissance) et avec une certaine naïveté. Cette naïveté des personnages est contagieuse, il est possible de tomber enceinte après une première fois, il ne faut pas signer des papiers que l’on ne comprend pas... et pourtant la beauté des personnages et leur candeur rend donne de la rationalité à chaque décision irrationnelle. Cet attachement au personnage sert le réalisateur dans son jouissif jeu pervers. Le spectateur proche des paysans mayas comprend l’espagnol utilisé par les administrations, par les riches et devient complice de la société Guatémaltèque corrompue de partout. L’ironie dramatique fonctionne à merveille et est à son apogée au commissariat lorsque le spectateur assiste impuissant à la démonstration du pouvoir de l’argent.
Cependant, Ixcanul repose en grande partie sur son exotisme. Si le film s’appelle « Le volcan » c’est parce que celui-ci, en plus de métaphoriser l’évolution de Maria (le sommeil ou elle accepte le mariage arrangé, l’éruption où elle tombe enceinte puis à nouveau le sommeil : Maria se marie) est un personnage à part entière, si ce n’est le plus important. La lenteur et le manque d’enjeu concret pourraient lasser sans un tel paysage.