J'accuse. (Ceci n'est pas une critique du film)

Ceci n'est pas une critique. Ceci est un avis subjectif qui ne concerne pas le film directement mais son réalisateur. Libre à vous de le partager ou pas, mais je n'accepterai pas de débats stériles autour de ses actes toujours non jugés.


J'ACCUSE.


Ceci sera mon dernier post sur les réseaux sur ce cher Roman Polanski, qu'on ose à peine citer ces derniers temps sans se faire gueuler dessus ou sans être traitée de "féminazie" qui ne sait pas "dissocier l'artiste et l'homme" et qui se "trompe de combat".
Oui, c'est toujours ce que l'on entend dire quand on est une femme (ou un homme, mais surtout une femme).


Pardon, rappelez-moi, c'est l'homme ou l'artiste qui est un pédocriminel avéré ? Ah oui, c'est le même.


Je n'ai pas vu J'accuse, désolée, on va encore me dire que je ne suis pas objective ni légitime pour en parler. Non, c'est vrai, puis je n'ai pas prévu de parler du contenu en détails du film donc tant mieux.


Ce que moi j'accuse, c'est le comportement puéril de Polanski face aux médias, en prenant l'affaire Dreyfus comme support à sa vie et son soi-disant statut de victime. S'il y a eu un lynchage médiatique, c'est indéniable, Polanski n'y est pas pour rien. Ce comportement de manipulateur et d'égocentrisme envers son propre film ne laisse que peu de place à l'équipe derrière le projet.


Oui, il y a des personnes derrière ce film Roman, il y a des personnes qui ont subi ce même lynchage autour du film. C'est regrettable de leur jeter la pierre car eux ne font que travailler pour toi, ce qui est hypocrite au vu des scandales et des crimes que tu as fait, mais eux ne sont pas criminels.


Ces personnes, ton équipe, elle n'a pas fui la justice après avoir abusé et violenté des jeunes filles, 12 au total, pour celles qui ont parlé. Même si l'une d'entre elle t'aurait "pardonné", cela n'efface pas la douleur des autres et l'injustice faite aux victimes.


Ce prix de "meilleur réalisateur" particulièrement montre la toute puissance du patriarcat et de cette société qui protège les criminels dans l'art - dans l'art du cinéma que pourtant j'aime tant - et ce particulièrement quand les victimes sont des femmes et quand les bourreaux sont des prédateurs.


Ce prix, c'est récompenser le réalisateur, ce n'est même pas récompenser le film, ni les techniciens, ni les acteurs, c'est littéralement récompenser le VIOLEUR.
Disons-le, c'est un fait, c'est la réalité.


Roman Polanski est peut-être un "génie", un "magnifique réalisateur", etc., c'est aussi un beau parleur qui n'a toujours pas la justice derrière lui car il est intouchable. Comme BEAUCOUP trop d'autres hommes de notre société.


Heureusement, aujourd'hui, des personnes parlent. On parlait déjà avant, mais jamais notre parole n'a jamais autant été écoutée. Oui, ça fait des scandales. Mais s'il faut se révolter pour se faire entendre et demander justice, alors on n'est pas prêt.e.s de se taire. Parler est nécessaire.


Que ce soit contre Roman Polanski, contre Gabriel Matzneff, contre le père Preynat et autres prêtres et cardinaux abuseurs et complices, contre ceux qui savent et ne dénoncent pas, nous ne devons pas fermer les yeux. Pour que cela ne se produise plus jamais.
Que vous soyez victime ou non, dans une association ou non, je vous en supplie, ne laissez pas la culture du viol gagner.


J'en ai marre de me taire, que l'on me coupe la parole quand je défends mes idées, de laisser parler les gens qui soutiennent "l'artiste" juste pour son "talent" car c'est aussi soutenir des peines qui ne sont parfois pas purgées.


C'est aussi laisser les victimes encore plus humiliées, salies, c'est les contraindre à les laisser dans le silence en glorifiant leurs agresseurs. C'est juste scandaleux. C'est innommable. Je suis bouleversée de voir que des personnes crachent à la figure de femmes et d'hommes victimes d'abus car iels osent se défendre et s'opposer à ce système oppressif et aveugle.


Aux victimes, ami.e.s de victimes, vous n'êtes pas seul.e.s et vous êtes légitimes à élever votre voix, à porter plainte si vous le souhaitez et le pouvez, à défendre votre cause et contrer votre abuseur. Trop de haine propagée envers les victimes.


Mais cette haine ne gagnera jamais, la peur doit changer de camp et le cinéma ne doit pas soutenir ces actes et se doit de les dénoncer. Le cinéma n'est pas la justice mais ne devrait pas être complice.


Il est difficile de croire qu'en 2020 ces débats aient encore lieu et que jamais ils ne soient réglés.
Tout mon soutien aux victimes, vous n'êtes pas seules.


Partagez la parole, la mienne, la vôtre, celle des victimes, pas celle des bourreaux.

amelieodt
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le 1 mars 2020

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amelieodt

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