Surprenante mais néanmoins passionnante proposition de cinéma que ce long métrage d'animation qui fut la sensation de 2019. En choisissant d'adopter le point de vue d'une main amputée du reste du corps de son propriétaire dans son odyssée à travers la ville et ses périls pour sa quête d'identité Jérémy CLAPIN prenait un pari osé.
J'ouvre une petite parenthèse pour signaler que l'idée d'une partie de corps humain personnage principal d'un récit n'est pas inédite, en effet votre modeste contributeur a eu un professeur de littérature qui désespérant d'intéresser une classe de ZEP, remplie de lascars en situations d'échecs scolaires graves, nous avait demandé d'imaginer un conte où nous trouvions un nez à la recherche du visage auquel il appartenait. Nous as-t-on pour autant vus paradant dans les festivals ? Non.
Trêves de plaisanteries, je me suis laissé prendre par ce conte moderne, qui nous parle de mémoire et d'identité, avec des personnages attachants, modestes acteurs d'un quotidien sans folie, où la routine se trouve chamboulée par la naissance du sentiment le plus universel et en même temps le plus intime, l'amour.
Comme je l'avais déjà expliqué dans une autre critique, je ne suis pas particulièrement attiré par l'animation, mais bien sûr il existe des oeuvres fortes qui m'enchantent, et même si ici le film pêche parfois par une narration qui ne creuse pas assez les thèmes qu'elle aborde, l'ensemble mérite largement d'être vu. Ne serait-ce que pour l'animation sensorielle de cette main, qui sans paroles, sans respiration, juste avec des attitudes parvient à faire naître en nous une palette de sentiments et une empathie assez troublante.