La preuve que le film de vigilante est, et restera un sous-genre passionnant.
"J'ai rencontré le diable" est un thriller d'ambiance génial, plein de suspense. Mais c'est aussi un film répugnant, sale, horrible.
Ce qui fait sans doute la force d'une telle oeuvre, c'est la façon dont Jee-Woon filme cette chasse. Il n'y a pas de feux d'artifices, c'est sans fioriture et même si l'on trouve ça atroce et insupportable de cruauté, on en redemande. C'est un film noir dans tous les sens du terme. Morbide, macabre, "J'ai rencontré le diable" porte bien son nom et fera sans doute date, pour cette habileté à filmer le quasi néant de vies elles mêmes nihilistes. Les scènes intimistes s'enchaînent et deviennent de plus en plus pesantes. A la fin, on est content d'avoir assisté à un superbe spectacle, et surtout de la fin de l'oeuvre, qui surpasse la satisfaction humaine. Le casting n'y est pas pour rien non plus, chaque personnage évoque un sentiment. Mais c'est la démence qui règne en maître.
"J'ai rencontré le diable" fera date, oui, pour ce qu'il arrive à faire ressentir comme sensations au spectateur. C'est ça, le cinéma. Et donc, "J'ai rencontré le diable" surpasse bien des choses, des films, des valeurs. Dans un monde hanté par le diable, survie ou éradication du mal par tous les moyens sont seules solutions.
Aussi sombre que surprenant, aussi nihiliste qu'implacable et aussi désespéré que virtuose. C'est dire si l'on tient un chef d'oeuvre dont il n'est pas impossible d'y voir un cousin lointain du "Mystic River" de Clint Eastwood.