Kim Jee-Woon est un jusque-boutiste. Déjà, dans le poussif mais classieux ''A Bittersweet Life'', il s'amusait comme un petit fou à mettre en scène la vengeance. Pire, dans son adaptation barrée de ''Le bon, la brute et le truand'' (''le bon, la brute et le CINGLÉ''), le coréen se laissait complètement aller à ses délires.
Dans ''J'ai rencontré le diable'', le réalisateur ne se laisse pas abattre. Bien au contraire.
Il faut bien admettre que la trame est sportive : Soo-hyun, agent secret sud coréen, se met en chasse du psycopathe qui a assassiné, violé, découpé et mutilé sa femme. Charmant programme.
Ce polar, construit au début de manière assez classique, va rapidement se transformer en un film de vengeance extrêmement sanglant.
Car le héros n'a pas pour intention de livrer le meurtrier à la justice : il s'est juré, sur la tombe de sa fiancée, de faire subir au tueur la même quantité d'atrocités subies par sa défunte promise, enceinte au moment des faits.
Ce James Bond asiatique en a gros sur la patate, et le jeu du chat et de la souris tourne rapidement à son avantage, ce qui ne ravira pas le psycopathe. La sanglante rédemption de Soo-hyun est parfaitement maîtrisée, et le serial-killer, après s'être fait méchamment tabasser, n'est pas au bout de ses surprises. Les cyniques en riront presque.
Le film n'est pas exempt de défauts : la surenchère de violence, les incohérences scénaristiques, ou encore la thématique classique, et coréenne, de la vengeance pourront en ennuyer plus d'un.
Pas de doute, le film est très violent. Entre cannibalisme, découpage de tendon d'achille au scalpel, décapitations énergiques, et coups de massues dans la tronche, peu de place est accordée aux âmes sensibles.
La force du film, au delà de sa réalisation léchée, voire virtuose (la scène du taxi), de la prestation habitée de Choi Min-sik, et de son rythme John wooesque, réside dans la jubilation malsaine procurée au spectateur. Ce dernier est laissé devant l'œuvre avec sa conscience, alors que le réalisateur, sans jamais tomber dans l'apologie de l'auto-défense, capture méticuleusement le duel sans merci de deux hommes à la détermination n'ayant d'égal que les atrocités qu'ils commettent.
En terme de vengeance, la thématique de ''l'arroseur arrosé'', ou de la victime devenue proie, est un classique du genre (voir Death Sentence, Mad Max 1, etc.).
Ici cependant, la qualité du récit n'en est pas pas altérée car Kim Jee-Won, en bon amateur de la démesure, livre une prestation excessive, passionnée et assurément violente.
Impossible de jeter la pierre à ceux que le caractère outrancier du film aura profondément rebuté.
En revanche, les aficionados du genre, eux, se réjouiront et seront très certainement happés par ce concentré de rage et d'hémoglobine.