Un serial killer viole, découpe et tue (par cet ordre) la fiancée d'un agent secret. Celui-ci jure de se venger et une traque impitoyable commence. Cependant, il le relaisse partir dès qu'il réussi à l'attraper.
Jee-Woo Kin est un réalisateur incroyable, je ne vous apprends rien. De film en film, il a réussi à toucher presque tous les sujets : le drame familial dilué dans la sauce terreur, "Deux Sœurs", très Alejandro Amenábar, le thriller fataliste et chef d'œuvre "A Bittersweet Life", le western-spaghetti transféré en Chine, "The Good, the Bad, the Weird" ou The Age of Shadows, sur l’occupation japonaise…
Ce film, pourrait être dans la ligné de ce que la Corée du sud se complait à reproduire depuis ces dernières années, à savoir, le thriller ultra violent où il est question de vengeance ou de règlement de comptes. Ou les deux. Le gentil stresse, cours et transpire pendant le long du film (stressant d'ailleurs tout le monde et tout son monde), et le méchant se la joue calculateur, froid et incroyablement créatif.
Ici il est question de tout ça mais le gentil n'est pas si gentil que ça et le méchant est barge à l'état pur. Jee-Woo Kin confronte deux bêtes sauvages qui jouent au chat et la souris à tour de rôle, explore tout le mal inimaginable, concentré dans la peau d'un serial killer. C'est une nouvelle étude sur la réalisation du mal poussé à l'extrême limite. Et puis il ne va pas de main morte. Vous en verrez de toutes les couleurs, rouges, de préférence.
Trop, trop. Je dois avouer que la plupart du temps j'ai regardé du coin de l'œil et que quelques scènes je ne les ai pas regardé du tout. Ames sensibles s'abstenir. I saw the devil, qui a été défini comme "dévastateur et sadique" est sans aucun doute le film plus violent que je n'ai jamais vu de toute ma vie. Et j'en a vu. Et puis 141 min c'est long!
Ici il n'est pas question de qui va finir avec qui, mais le jeu. Ces 141 minutes on les tient par une interprétation des plus époustouflantes de deux acteurs principaux (les nanas sont juste là pour se faire découper dans les plus atroces souffrances, oh, mince, je viens de vous raconter les trois quarts du film…!). Choi Min-Sik (Oldboy, Sympathy for Lady Vengeance) incarne le plus grand salaud fils de pute psychopathe (et ce n'est rien) avec une férocité propre d'une hyène enragée. Le Jocker, que Dieu ait son âme, était un enfant de cœur à côté de lui.
Jee-woon Kim s'est appliqué à nous montrer deux hommes complètement opposés. L'un est un animal acharné, habillé n'importe comment, taches de sueur, transpiration et autres, assorties à ses yeux vides et ses cheveux dégoulinants. C'est la crasse, la saleté, la merde ambulante, l'abomination. Plus crédible dans son rôle de diable que d'autres acteurs ou figures fantastiques. Enfin, la gamine de "L'exorciste" était à vomir, ou Robert de Niro avec ses ongles parfaitement limés dans "Angel heart", très effrayant. (Et cet œuf dans les mains représentant l'âme, l'horreur)
Mais plus le film avance, plus on se demande qui a vu le diable, et surtout qui est le diable. Lee Byung-Hu, avec cette beauté d'éphèbe (dur) qu'il se trimballe, incarne un agent secret assez exécrable aussi dans son genre. Parfaitement habillé, propre, impeccablement rasé et coiffé, il jure au bric-à-brac de la dépouille de sa fiancée, d'infliger mille fois la souffrance qu'elle a subit au tueur. Alors la chasse commence.
Lui aussi est un animal plus qu'enragé. Calculateur, sûr de lui. Est-ce qu'un homme devient "comme ça" du jour au lendemain, style je pette les plombs ou c'était déjà en lui, comme une sorte de VIH? Puisque le réalisateur a voulu explorer un côté très psychologique, j'aurais aimé qu'il développe un peu plus le personnage de Lee Byung-Hu. Est-ce qu'il a été pris d'une folie passagère, s'il était déjà un homme violent… nous ne savons rien de lui. Avait-il déjà le diable en lui?
Lee Byung-Hu, acteur fétiche de Jee-woon Kim est capable, rien que par ses expressions (n'oublions pas, à l'asiatique, donc assez discrètes), nous faire ressentir le moindre de ses sentiments. Plus expressif que Batman, dont les influences du dernier épisode, "The Dark Knight" du réalisateur britannique Christopher Nolan, se font sentir dans I saw the devil, il est aussi plus entier, plus dynamique. Avec ce charisme qui le caractérise, il nous amène avec lui dans sa vengeance diabolique.
Fin bâclée, des points qui auraient pu être plus développés, trop de carnage, "I saw the devil" est néanmoins une expérience innovante; déjà par le sujet mais aussi par la façon de filmer. Presque toujours à l'intérieur d'une voiture, ce qui donne, à cause d'un espace confiné, un accent sur la peur de l'autre, "I saw the devil" est "quand même" un tournant du cinéma coréen.
Je répète, âmes sensibles s'abstenir.

Cooleur_Asia
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le 20 juil. 2020

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Cooleur Asia

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