Si vous êtes fans de thrillers sombres, de duels psychologiques à hautes tensions et de psychopathes "charismatiques", c'est bien. Normalement on serait tenté de croire que j'aurais fini ma phrase par un très tape à l’œil : "ce film est fait pour vous," mais non. Parce que, moi par exemple je croyais que je tiendrai mieux le choc que ça. Les films de ce genre j'en ai vu un certain nombre et je m'en suis bien remis par ailleurs. Et puis rien de tel qu'une bonne petite histoire de vengeance coréenne avant d'aller dormir. Oui j'ai fait pareil avec Old Boy il y a peu, et après on se demande pourquoi je ne fais pas mes nuits.
Alors, point de vue scénario, j'avoue qu'on a connu plus révolutionnaire. Un tueur dégénéré tue la femme du mauvais type. Ce dernier, fort contrit, décide donc d'aller lui faire part de son mécontentement à grands coups de chaînes de vélo dans les quenottes, et on le comprend. Si, on le comprend, surtout si vous avez survécu aux premières séquences, qui sont pourtant bien en-dessous de ce qui suit point de vue hémoglobine et ambiance anxiogène.
Par ce que là, ça y va. Alors c'est peut être lié à ma nature fragile, mais je crois bien, sincèrement, que jusqu’ici, c'est le film le plus violent qu'il m’aie été donné de voir. Et ce à tel point, qu'une fois le film terminé, je me suis promis d'inclure ici quelques petites comparaisons imagées pour donner le ton, sans pour autant dévoiler quoique ce soit.
Dîtes vous donc qu'en comparaison : Orange Mécanique c'est "Blanche Neige mange une glace avec Bambi", que Le Parrain c'est "Barbie prend le thé chez les Bisounours", que History of Violence c'est "Martine chez les Barbapapas" et que The Revenant n'est en fait qu'un documentaire de deux heures où l'ami Léo nourrit des oursons et des bébés pandas au biberon et en leur grattant le ventre...
Vous voilà prévenus, ne venez pas vous plaindre après, la direction ne rembourse ni les places, ni les rétines de la clientèle en cas d'accident.
Plus sérieusement, la violence présente dans ce film ne fait évidemment pas office d'argument de vente. Je la trouve d'ailleurs assez réaliste point de vue réalisation, même si l'on peut observer quelques occasion où elle est stylisée. Malgré cela, elle est ici utilisée à bon escient et n'est pas "gratuite" au sens où on l'entend habituellement, contrairement à certains films de torture bien connus que je ne nom...SAW...merais...HOSTEL...pas. Raté.
Au de-là de ça, la narration est bien ficelée et bien découpée surtout. Je n'en dis pas plus de peur de gâcher le dit découpage. Il y a tout de même une ou deux légères fausses notes scénaristiques pour moi, vous vous ferez votre propre opinion, je ne spouale pas. Cependant, l'intérêt du film étant évidemment de retrouver les deux adversaires lors d'une confrontation finale, et ce après moult péripéties « enrichissantes », on peut passer outre ce léger détail.
Kim Jee-Woon nous livre une excellente réalisation, la photographie n'est pas en reste et le casting est plus que solide. Choi Min-Sik est tout simplement terrifiant, un peu comme si il campait un Anton Chigurh (Javier Bardem, No Country For Old Men) dans ses mauvais jours. Sauf que chaque jour est un mauvais jour. Lee Byung-Hun joue parfaitement son rôle de veuf submergé par son désir irrépressible de vengeance et exprime avec justesse les étapes émotionnelles que traverse son personnage au cours de sa chasse.
J'ajouterai simplement, pour conclure sur le casting et les principaux protagonistes, qu'il m'est difficile de savoir à qui le premier rôle a été attribué, le temps d'écran de Kyung-Chul et de Soo-Hyun semblant presque découpé de manière égale. Faîtes de cette information ce que bon vous semble.
Pour moi, ce sont tous ces éléments qui permettent au film de Kim Jee-Woon de s'éloigner des sentiers battus par les films de vengeance habituels, tout en racontant une histoire bien connue d'une manière inédite. C'est aussi un bon moyen de sérieusement relativiser sur le sens des mots "douleur", "dérangeant" et "succès". Préparez-vous au pire.
Ah et sinon, Kyung-Chul il a des potes canibales aussi. Oui monsieur, on peut être un tueur en série complètement fêlé du bocal et avoir une vie sociale.