Histoire d'une amitié qui ne dit pas son nom...
Le film est une biographie d'Edgaar J.Hoover, le fondateur du FBI, mais là où Eastwood est malin, c'est qu'il balaie d'un revers de main la plupart de ses affaires professionnelles (excepté l'histoire du bébé de Lindbergh) pour se focaliser sur l'homme complexe et étrange qu'il fut, car très loin des soi-disantes conventions sociales de l'époque.
Si le film reste assez paresseux, car cet aspect de ne pas trop présenter les travaux de Hoover peut interloquer, le plus intéressant reste sa relation d'amitié, qui deviendra plus que ça, avec son bras droit Clyde Tolson. Là, on voit un homme fragile, qui se découvre davantage, dont perçoit davantage les failles, mais dont les mœurs de l'époque n'auraient jamais accepté l'amour de deux hommes, sauf en cachette.
Les acteurs sont tous très bons, avec une préférence pour Judi Dench en mère de poigne et Armie Hammer en ami de Hoover, mais je dois dire que les maquillages qui leur sont appliqués peu à peu sont souvent ridicules, car non seulement, leurs mains sont celles de l'âge des acteurs, mais cette volonté de les faire croire âgés ne marche pas du tout, et prête plus à rire qu'autre chose (surtout Armie Hammer, qui a l'air englouti sous une tonne de maquillage).
Mention spéciale à la lumière absolument somptueuse de Tom Stern, qui baigne les acteurs dans la pénombre, métaphore de l'esprit étrange de Hoover, ainsi que la discrète musique d'Eastwood, à base de piano.
Il y a aussi un excellent travail de montage sur les passages dans le passé, avec Hoover jeune, et le présent, où il est âgé, avec des scènes qui commencent dans le passé, et inversement, pour finir à l'autre époque, comme si l'histoire était un éternel recommencement.
Mais, ce que je reproche à ce film, c'est qu'il est prudent. Prudent sur le thème de l'homosexualité, sur les affaires, sur la supposée puissance de Hoover dont on n'esquisse que trop rapidement ses pouvoirs, au profit de l'homme.
Cela dit, les dernières scènes sont très émouvantes, lors de la découverte du cadavre de Hoover par Tolson.
Au final, même si j'ai du mal à retrouver le Clint des années 2000 (dont Gran Torino est son dernier grand film à mes yeux), J.Edgar est intéressant, car il permet de voir les fissures d'un homme bâti comme une muraille.