La vie de J. Edgar selon Eastwood. D'un ennui mortel.
La biographie de John Edgar Hoover, directeur du FBI 48 ans durant...
Je dois avouer que je tombe de haut. En effet, quelle déception... Le sujet avait pourtant tout pour plaire, surtout quand il est réalisé par le cinéaste le plus fluide qui soit. Mais avec "J. Edgar", et après "Au-delà", Clint Eastwood risque de passer du stade de réalisateur fluide au cinéaste le plus sinistre qui soit. Son "J. Edgar" est pour faire bref ennuyeux, soporifique et interminable. Mais le pire reste sûrement que même l'interprétation de Leonardo DiCaprio, excellente, ne parvient jamais à passionner, ni à impressionner. Aussi bon soit-il, il semble transparent... j'en reste encore assez frustré. De plus et hélas, le scénario, bordélique, est illisible, sans rebondissements et pour ainsi dire, sans intérêt autre que de découvrir la vie intime du personnage titre. Car n'espérez pas voir plus que du DiCaprio. Naomi Watts brille à chacune de ses apparitions. Dommage, elle n'est au sens le plus strict du terme, un second couteau. Quant à Armie Hammer, son personnage est si survolé qu'il finit par être vampirisé par Hoover. Enfin, Eastwood déçoit sur tous les points en ce qui concerne les thèmes de son biopic. Sans point de vue, il survole toute son histoire et n'approfondit jamais. Quand il s'intéresse de plus près aux personnages, les scènes sont longues et bavardes.
Et donc, que reste t-il au final si ce n'est un biopic à l'image léchée, et tout juste inédit sur le personnage de Hoover ? Au mieux, "J. Edgar" réhabilite "Au-delà", le précédent film du cinéaste. Au pire, c'est un biopic austère, sans vie, sans surprise, sans ligne directrice et au rythme terriblement mal géré, dans la continuité sans éclat de "L'échange", jusqu'à l'abstraction. En caricaturant son propre style, le cinéaste signe son film le moins abouti, pour ne pas dire le plus mauvais.