Jabberwocky
6.3
Jabberwocky

Film de Terry Gilliam (1977)

Carroll et Gilliam, une belle histoire d'amour

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 15 ans. 'Vu' est un bien grand mot puisque je me suis arrêté après 10 minutes. En effet, je m'attendais à retrouver un univers à la Monty Python, choqué je fus de découvrir des images sordides, sombres, et un humour que je ne comprenais pas alors (pour tout dire, je pensais que c'était un film à prendre au premier degré). Le revoir m'a permis de réviser mon jugement ô combien naïf : drôle, le film l'est assurément, on peut même encore parler d'humour à la Monty Python. C'est juste qu'effectivement la mise en scène de Gilliam est bien plus sombre, bien plus glauque, ce qui confère au film une aura toute particulière.


Le souci vient de ce scénario bordélique : l'absence de structure donne l'impression de voir une succession de scènes décousues avec peut-être un léger fil conducteur qui relie le tout tant bien que mal. C'est un petit peu dommage, parce que l'univers est très riche et que chaque scène est plutôt bien écrite en terme d'absurde mais aussi d'angoisse. Les personnages sont assez fun et loufoques, de quoi passer un bon moment. Une construction narrative plus structurée aurait donc permis de mieux gérer le rythme du film sans rien perdre du délire Gilliamesque.


La mise en scène est très intelligente. Tout d'abord parce qu'on ne ressent pas le maigre budget ; enfin 500.000$ c'est quand même sympa, mais par rapport à tous les costumes, les lieux, etc., on peut dire que Gilliam s'en sort très bien. D'ailleurs ses effets spéciaux sont très bien orchestrés. Son découpage aussi, déjà très dynamique, parfois dans l'esprit comic books (rappelons que le bougre a fait de la BD à ses débuts), je pense notamment à cette scène du chevalier qui vole au ralenti devant le roi. Et puis surtout, Palin ! Palin qui est merveilleux dans ce rôle de plouc innocent de la vie. Il ne comprend rien à ce qui lui arrive, il est certainement le premier Don Quichotte que Gilliam ait mis en scène (à moins que ce ne soit un Sancho Panza, ou encore un mix des deux) et il n'est pas pour autant le moins mémorable.


Bref, "Jabberwocky" souffre d'un manque de structure mais jouit de tellement bonnes idées qu'il est bien difficile de s'ennuyer face à ce divertissement.


Bonus : http://image.noelshack.com/fichiers/2015/14/1427812212-jabberwocky.jpg

Fatpooper
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le 21 juin 2014

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