Jack Reacher est un film badass, noir, le genre de polar où le héros dézingue méchamment du bad guy. Ca saigne, ça frappe, ça cogne, ça tombe, c'est l'Amérique des temps modernes version Callahan. Profondément convenu, le film n'en démord cependant pas, et sachant pertinemment qu'il ne révolutionnera ni le genre, ni le cinéma en général, voilà qu'il nous offre un divertissement de grande qualité, sorte d'oeuvre burnée profondément jouissive.
Ce qu'on ne pourra pas lui reprocher, c'est qu'il possède une certaine honnêteté dans ce qu'il vend à son spectateur. Ne se foutant jamais de sa gueule, il revient au principe même de ces actionners bourrins et géants des années 80, âge d'or de la testostérone et de la défouraille de têtes rouges. Rouge sang certes, mais rouge communiste avant tout.
Cet héritage, Christopher McQuarrie l'a bien assimilé quand il a fait son Jack Reacher. Sorte de retour en arrière sacrément explosif, de retour aux bases d'un genre sur-exploité, il n'en présente pas moins l'intérêt rafraichissant de s'assurer pleinement de sa réussite. Un peu à la manière d'un John Wick, Jack Reacher défonce tout ce qui passe sur son chemin, et sait pertinemment pourquoi il est là : faire oublier au spectateur, deux heures durant, les tracas de la vie quotidienne. Le pire dans tout ça, c'est qu'il le réussit haut-la-main.
On pourra certes gueuler sur l'aspect très viril et primaire de l'oeuvre, sur ce côté complotiste tout droit sorti des James Bond les plus misogynes et anti-communistes qui puissent exister, mais il arrive que, quelques fois, ce côté stupidement jouissif soit tout ce que l'on recherche. Encore que l'oeuvre n'est pas en reste, lorsqu'il s'agit de nous transmettre un scénario cohérent, intéressant et complexe. Ca reste du basique, du déjà vu, mais il y a quelque chose ici qu'aucun autre film ne possède : Tom Cruise qui joue à Clint Eastwood.
Toujours aussi convaincant, l'acteur fait ce qu'il sait faire, au risque de dégoûter ceux qui ne l'apprécient pas. S'il est une certitude, c'est qu'il ne révolutionnera pas son jeu dans Jack Reacher, thriller dans lequel il applique la recette habituelle de son succès en salles : une interprétation badass, le t-shirt qui tombe, la coiffure soignée, la philosophie scientologue au service du monde ( pour le sauver, bien sûr ).
Aidé par des dialogues sacrément bons ( bien que parfois inégaux ) et des répliques qui font mouche, Cruise interprète l'un des anti-héros les plus authentiques et crédibles qu'on a pu voir depuis la chute de carrière de Schwarzy et Sly ( Statham n'étant pas en reste ). Il y a des incohérences, des imperfections, mais le film est tellement bon, tellement jouissif qu'on passe facilement outre pour pouvoir mieux se concentrer sur ce qu'il vaut vraiment. Le retour aux origines d'un genre qui peine à se renouveler. Depuis, il est dur de faire mieux.
Critique publiée sur le blog