Je dois bien l'avouer, j'ai abordé ce film avec une grande frilosité, et ce pour trois raisons : le biopic est bien souvent un genre ampoulé ne donnant pas grand chose à manger en matière de pur cinéma, je n'ai que très rarement été convaincu par le talent de Natalie Portman, et enfin et surtout je ne voulais pas qu'on touche à Jackie, ma Jackie. Je l'aime depuis toujours et la considère en quelque sorte comme un idéal féminin. Symbole de l'élégance, à la fois forte et fragile, en proie à la douleur mais solaire, amoureuse mais refusant la contrainte.
Ma surprise est donc à la hauteur de ma méfiance, et je le confesse, je suis sorti de ce visionnage éreinté, chamboulé, subjugué. Plutôt qu'une biographie classique ou pire une hagiographie, Pablo Larraín choisit la métonymie pour transcender son œuvre. Sa caméra virevolte, se promène dans les salons, les chambres, les rues, les jardins à la manière d'un Alexandre Sokourov ou d'un Terrence Malick pour mieux venir se poser sur le visage d'une femme dévorée par le chagrin. Chez lui, le gros plan est une arme, un scalpel. Ça gratte, ça lacère, jamais il ne nous laisse reprendre notre souffle, empruntant même parfois les codes du cinéma d'horreur pour mieux prendre au piège le spectateur et Jackie. Ici la musique est un acteur à part entière et envoûte, sature le cerveau pour finir par bouleverser.
Et que dire de la partition de Natalie Portman, littéralement en apesanteur. Jamais elle ne singe Jackie, elle est Jackie. Ses yeux, sa bouche, ses mains sont autant d'instruments qui jouent un concert de sentiments, d'émotions.
Si vous êtes en attente d'un biopic confortable, passez votre chemin. Mais si les expériences cinématographiques vous tentent, foncez !
Célébrités dans la vie
Célébrités dans la mort