Après Neruda, Larrain revient à la charge avec un film un poil moins prenant du fait qu'il lui laisse un peu moins de marge de manoeuvre. Neruda était un poète et en tant que tel son écrit et sa vie se confondaient avec l'Art en lui-même, quitte à oser certaines audaces. Avec Jackie toutefois, le réalisateur a le bon goût d'à nouveau proposer un portrait hors-norme stupéfiant dans sa proposition de n'en rester qu'au moment de l'Après.
Après la mort de JFK et donc dans l'instant du deuil.
Larrain filme Portman comme une sculpture, chaque coup de burin vertigineux insiste sur la répétition de ce visage, de cet être traumatisé que Portman porte littéralement à bout de bras. Le film en demeure donc tour à tour émouvant, étouffant, irritant quand Larrain se confond avec le journaliste doutant de la représentation du personnage qu'il a en face de lui et que Jackie se blinde tour à tour entre l'aveu et le ton cassant de celle qui est définitivement revenue de tout.
Au final, un film audacieux dans ses parti-pris qui ne craint pas de s'aliéner le spectateur, de lui faire traverser une épreuve, celle du deuil de son personnage principal, chemin de croix plus que doloriste. Un film casse-gueule aussi qui fera fuir certains, bailler d'ennui les autres. Mais pour moi au final, passionnant.
Et la musique lancinante de Mica Levi qui hante une fois de plus après la bande originale "concassée" de Under the skin.