On aurait pu craindre de ce film qu'il ne soit qu'un énième biopic américain sympathique mais fort convenu, à la Majordome. Mais c'était sans compter la patte du Chilien Pablo Larrain, à qui est revenu la responsabilité de mener à bien ce projet, initialement pensé comme une mini-série pour HBO.
Plutôt que de raconter de manière linéaire une vie déjà connue de la plupart, Larrain décide de se concentrer sur les trois joueurs qui ont séparé l’assassinat de JFK de ses funérailles. En nous faisant grâce au passage d'éléments trop attendus, qui auraient ralenti sa narration (les infidélités de son mari ou les théories du complot autour de sa mort, au choix). Larrain choisit à la place de brosser le portrait d'une veuve effondrée, qui se retrouve inexorablement seule et incomprise après avoir vu la cervelle de son mari lui sauter à la figure. En ayant recours au 16 mm et aux services de Stéphane Fontaine (directeur de la photographie de Jacques Audiard ou Arnaud Desplechin, notamment), Larrain donne du grain à ses images, et leur permet de se fondre dans les archive d'époque qui viennent rythmer son film.
Natalie Portman, dont on sous-estime bien trop souvent les talents d'actrice, interprète très justement la femme troublée et perturbée qu'était Jackie Kennedy. Alors qu'elle s'était retrouvée affublée d'une image de riche cruche un peu désinvolte, sa First Lady est en réalité obsédée par l'image et le contrôle. Quasi-manipulatrice, elle échappe à la vérité que cherche pourtant à trouver dans son récit un journaliste bien curieux, pour écrire sa propre histoire. Celle d'une femme amoureuse, mais pas naïve.