Les Kennedy sont des personnages semblant sortis tout droit d'une tragédie grecque. Ils fascinent depuis des décennies et inspirent divers auteurs à travers des ouvrages, films et séries. Comme le titre l'indique, l'oeuvre va tourner autour de Jacqueline Kennedy surnommée Jackie et interprétée par Natalie Portman.
Le film s'ouvre sur le visage de Jackie (Natalie Portman), son regard est perdu dans le vide et sa tristesse est palpable. La caméra reste longuement sur elle, la musique est crispante et l'atmosphère morose. Un homme sort d'un taxi et frappe à sa porte. C'est un journaliste (Billy Crudup), elle lui a demandé de venir pour raconter son histoire, une semaine après l'assassinat de son mari, le président des états-unis John Fitzgerald Kennedy (Caspar Phillipson) à Dallas.
Une femme dans la tourmente. Son monde vient de s'écrouler avec le décès de son mari. Elle se retrouve seule au milieu des hommes, dont Lyndon B. Johnson (John Carroll Lynch) prêtant serment pour devenir le nouveau président des états-unis, seulement quelques heures après le meurtre. Elle n'est pas seulement en deuil, elle doit aussi affronter les vautours tournoyant autour de la dépouille de son mari, les médias et annoncer le décès à ses enfants. Ses frêles épaules peuvent-elles supporter le poids de l'histoire qui est entrain de s'écrire. Elle va devoir faire face au monde et prendre son destin en mains pour continuer à exister en tant que femme.
Ses conversations avec le journaliste sont le fil rouge de l'histoire. On va partager l'intimité de cette femme en pleine dépression, enchaînant les cigarettes, mélangeant l'alcool et les cachets, en déambulant dans les couloirs de la maison blanche qu'elle doit quitter rapidement. C'est aussi une femme pleine de contradictions, fuyant les caméras et la célébrité, mais invitant CBS à filmer l'intérieur de la maison blanche qu'elle vient de rénover, en leur servant de guide. Elle n'est pas naturelle devant la caméra, on a l'impression de voir un robot débitant son texte sans aucunes émotions. L'image qu'elle renvoie est loin d'être aussi glamour que l'image qu'on a d'elle depuis des décennies. On ne rêve pas face à elle, on est plutôt gêné. Elle se veut en protectrice de sa famille, mais exhibe ses enfants aux yeux du monde lors des funérailles. Elle dit ne pas aimer l'argent, mais à la folie des grandeurs en organisant une procession pour l'enterrement de son défunt mari. De son vivant, elle organisait des fêtes fastueuses avec des artistes et célébrités à la maison blanche ou le champagne coulait à flots. Elle a épousé un homme issue d'une riche famille et va se remarier avec Aristote Onassis, un riche armateur. Mais qui est vraiment Jackie?
Les tourments et les événements qui ont lieu durant cette semaine particulière dans la vie de Jackie, sont intéressants. On se pose diverses questions sur les agissements de chacun, mais il y a ce malaise permanent face à la performance de Natalie Portman. Elle a été encensée, a reçu diverses nominations, mais je n'apprécie pas le mimétisme de la part d'un acteur(trice). Elle ne joue pas, elle recopie et déballe toute une palette d'émotions me laissant de marbre. Un procédé qu'use et abuse Eddie Redmayne dans Une merveilleuse histoire du temps, ou plus récemment Andrew Garfield dans Tu ne tueras point, sauf qu'ils sont assez coutumiers du fait. Alors soit Natalie Portman s'est perdue dans ses rôles publicitaires, ou soit elle avait tout donné dans Black Swan et depuis, elle se laisse aller comme dans les Thor et Jane Got a Gun. Elle a beau avoir le rôle principal, qui plus est taillé sur mesure, c'est Peter Sarsgaard en Bobby Kennedy qui fascine. Il a adopté sa chevelure, mais garde son ton de voix et son regard. Il joue, il n'imite pas et en devient plus passionnant, tout comme Billy Crudup. Ils sont sobres face à cette femme au bord de la crise de nerfs et rendent le film moins pesant. On fera l'impasse sur les conversations sur dieu, la vie et les oiseaux de Jackie avec le prêtre (John Hurt). Ses interrogations tournant autour de son nombril et de ses contradictions, cela en devient épuisant....
Le film se révèle aussi insignifiant que Parkland tournant aussi autour de la mort de JFK. Les émois de cette femme au foyer se plaignant de son immense demeure glaciale, ne m'ont pas passionné. Natalie Portman est agaçante de sa première à sa dernière apparition. La caméra de Pablo Larrain se colle à son visage pour nous permettre de mieux apprécier ses mouvements de sourcils exprimant son désarroi, sa tristesse et autres traits dépressifs dû à la perte de son mari. Un rôle pour les oscars, mais manquant de finesse, dommage.