La première scène du film nous plonge directement au jour de l'assassinat du président Kennedy, le 22 novembre 1963. Sa femme, Jackie Kennedy, interviewée par un journaliste quelques temps plus tard, évoque tous les moments de cet assassinat en détails. Obsédée par cette scène, elle y dévoile tous les éléments comme pour mieux comprendre ou pour se déculpabiliser.
Ici, John Fitzgerald Kennedy est le marie, le père, le frère et l'enfant, la grandeur qui lui est attribuée est purement personnelle et intime, son rôle de président des États-Unis passe après.
Plus qu'à un drame national, nous assistons à un drame familial bouleversant qui reflète un aspect tout à fait différent de cet abominable événement.
Jackie souhaite offrir à son défunt mari des funérailles dignes des plus grands, en l'occurence similaires à celles d'Abraham Lincoln, mort dans les mêmes conditions. N'ayant effectué que deux ans et demi de son mandat, le président Kennedy n'a pu accomplir tout ce qu'il aurait voulu et frustrée par cette perte de temps et ce manque d'accomplissements, Jackie souhaite prouver au monde entier quel grand homme fut son mari pour la nation.
Guerre froide, communisme, guerre du Vietnam, ségrégation raciale, John Kennedy a du faire face à un contexte mondial assez rude. Ce contraste entre situation universelle compliquée et actes insuffisants ne suffisent pas à confirmer la notoriété encore palpable qu'il a laissé dans les esprits.
Une centaine d'hommes d'états se rendent à ses obsèques pour saluer l'homme qu'il était.
Nathalie Portman porte le tailleur rose à merveille et incarne excellemment et respectueusement la First Lady. Grâce à son jeu d'actrice très minutieux, elle réussit à incarner la Jackie d'avant l'accident et la Jackie d'après l'assassinat et nous rends spectateurs de la destruction de Jacqueline Kennedy. Son personnage dégage une tristesse et une désorientation totale.
Pablo Larrain nous plonge dans l’intimité la plus profonde du personnage de Jackie, ce qui nous donne une impression de voyeurisme puisque toutes les scènes sont des images de ses souvenirs, une rétrospective de tout ce qu'elle a vu et vécu.
Ce film est une pure autobiographie reprenant à l'exactitude certaines scènes vécues par Jackie Kennedy, comme la découverte de la Maison Blanche avec les médias, et n'a rien d'une fiction. Le réalisateur a voulu se rapprocher au mieux de la réalité que ce soit dans les décors et les vêtements que dans les émotions de chaque personnage.
Pour conclure, le fait que le président Kennedy n'apparaisse que très rarement à l'écran donne une grande importance à Jackie, comme si le réalisateur lui donnait enfin toute l'importance qu'elle avait toujours mérité. Il pouvait paraître risqué de choisir Nathalie Portman, actrice à la renommée internationale, pour incarner ce type de personnage, de part son physique connu et reconnu, mais elle réalise une performance incroyable qu'on en oublie l'actrice de Black Swan et de Léon.