Comme beaucoup je suis pour le moins sensible au genre Tarantino, papa d'une filmographie pas loin d'être parfaite, et truffée de pépites jouissives ; pourtant, j'ai toujours rechigné à découvrir son troisième film, j'ai nommé Jackie Brown.
Sans revenir sur les circonstances particulières entourant son accueil critique (placé dans l'ombre d'un certain Pulp Fiction), celui-ci ne me faisait que peu d'effet au premier abord, mais il m'est rapidement apparu que le doute n'avait pas lieu d'être : Jackie Brown est une réussite en tous points, et mérite amplement d'être cité parmi les œuvres références du natif de Knoxville, quand bien même elle serait effectivement moins percutante que ses deux précédents long-métrages.
En fait, cet hommage à la Blaxploitation se démarque paradoxalement au gré de son scénario conventionnel, ce qui dénote considérablement vis-à-vis des cadres auxquels Tarantino nous à habitué ; néanmoins, il serait malvenu de qualifier Jackie Brown de classique dans son essence, dans la mesure où celui-ci arbore bon nombre de composantes renvoyant au style du cinéaste, qui nous livre donc ici un film grandement divertissant et efficace.
On y retrouve en effet une intrigue policière, certes peu innovante car attendue mais bien ficelée, d'autant que comme de juste Tarantino privilégie une narration non linéaire (encore que ce soit moins prononcé ici) ; sans être extraordinaire la trame fait donc mouche, ce double jeu menée par une attachante Jackie Brown s'avérant prenant à défaut d'être transcendant, mais ce n'est pas sur ce point que le long-métrage marque véritablement les esprit.
En bon Tarantino, Jackie Brown arbore en effet une galerie de protagonistes fouillés, dont les diverses interactions et dia/monologues bien sentis n'auront de cesse de conférer au tout un ton subtilement comique, mais pas que ; il subsiste aussi un semblant de romance savamment traitée qui renvoie au penchant dramatique du film, à l'image d'une Jackie combative mais esseulée.
Cette dernière est en tout cas une excellente figure de proue, ceci grâce à la lumineuse performance de Pam Grier, décidément trop classe en l'espèce, tandis que gravite autour d'elle ces fameuses figures marquantes : Ordell Robbie est un gangster pour le moins original (Samuel L. Jackson excelle), le tandem Louis / Melanie fait des étincelles (De Niro est notamment hilarant), et puis il convient de citer l'élégant Max Cherry (Robert Foster se fend d'une superbe prestation).
Dommage à présent que d'autres figures secondaires ne soient pas toujours très utiles, mais la sauce prend aisément au gré d'une BO géniale et de rebondissements en cascade, le tout au service d'une ambiance attrayante.
Jackie Brown est donc une bonne surprise, et s'inscrit à merveille au sein de la filmographie profondément singulière de Quentin Tarantino, car portée par des personnages hauts en couleur crevant l'écran, sous couvert d'interventions salvatrices oscillant entre absurde et teneur dramatique délectable.