Surement le moins connu, le plus discret film de Tarantino, mais non pas le moins acclamé ni, donc, le moins bon.
Sans sortir des sentiers tracés par son culte Pulp Fiction, Tarantino renouvelle son style et réalise ici une perle minimaliste. L'intrigue est simple (même si Tarantino, avec sa grande justesse d'écriture, parvient à le rendre riche, complexe), le nombre de personnages réduit au minimum syndical. On est loin d'un film chorale et volontairement mystérieux dans sa construction comme avait pu l'être son prédécesseur, Jackie Brown se focalisant ainsi, comme son nom l'indique, sur ce personnage unique, et les quatre ou cinq autres qui lui gravitent autour, que le titre et l'affiche montrent bien. Étonnante Pam Grier, trop rare, qui trouve surement ici son rôle doré, qui avec Robert Froster, lui aussi bien trop rare, forme un couple attachant, original, et font de leur deux personnages, aussi simples que touchants, et de leur histoire d'amour la plus grande réussite du film. On se surprend même à voir Tarantino céder à ce genre de situations et puis on se rappelle True Romance, dont il avait écrit le scénario, sublime histoire d'amour ultra-violente, et l'on se dit qu'au final ce n'était pas si surprenant.
Le visionnage peut au départ être pénible, et on aura souvent entendu dire que ce Jackie Brown est le Tarantino le plus lent, le plus ennuyeux qu'il ait fait (avant que ne soit sorti son dernier, Les Huit Salopards, incontestablement son plus lent et chiant). C'est évidemment ce que l'on peut ressentir si l'on ne goûte pas la finesse de ces exquis dialogues que débitent avec un talent immense les rares mais brillants acteurs du film, autant Samuel L. Jackson, psychopathe stylé, que Robert de Niro qui, dans son second rôle de bougon, un peu couillon mais au fond tout aussi, si ce n'est plus, tordu que son acolyte qui, en quelques minutes de présence à l'écran, trouve l'un de ses meilleurs rôles, ou tout du moins son plus drôle.
C'est ainsi là la force ce génial film que de mêler thriller simple, film de gangster-psychopathe, histoire d'amour, et comédie absurde, le tout sur fond d'une B.O., comme toujours aux petits oignons, utilisée à merveille et alliée à un sens de l'image, là aussi comme toujours, maîtrisé.

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le 4 avr. 2016

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Charles Dubois

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