Loin d'être subtil, « Les Beaux gosses » avait toutefois quelque chose de très pêchu qui le rendait hautement fréquentable, d'autant qu'il était parfois vraiment drôle. Sur le papier, « Jacky au royaume des filles » est plus ambitieux, plus prometteur et doté d'une originalité dont peu de films français peuvent se targuer. Hélas, il faut croire que le mal touchant la « french comedy » est profond, car d'emblée la gêne est palpable. On se contente de quelques mots inventés, d'un retournement des valeurs hommes - femmes poussé à l'extrême sans que cela soit drôle et encore moins percutant. Au final, Riad Sattouf ne réalise nullement une œuvre politique, juste un pauvre truc se traînant mollement, sans grande saveur et surtout d'un intérêt plus que limité. Alors c'est vrai : on sent par moments un réel potentiel et tout n'est pas dégueulasse, mais c'est lourd, fauché (du moins en apparence) et très auto-satisfait, comme en témoigne des dialogues ou des personnages souvent irritants, où tout semble prétexte à la blague et à la dérision.
Encore ce parti pris serait totalement assumé, mais même pas, le réalisateur semblant vouloir ratisser large sans jamais se donner les moyens de combler les attentes des uns et des autres. Heureusement, quelques sympathiques numéros d'acteurs (Valérie Bonneton, Michel Hazanavicius et surtout Anémone) viennent égayer parfois notre indifférence, compensant notamment les compositions indigentes de Vincent Lacoste et Anthony Sonigo. Bref, si son étonnant point de départ lui donne un petit côté atypique, cette relecture trash de « Cendrillon » accompagnée d'un zeste de « Certains l'aiment chaud » faillit néanmoins dans tous les domaines (quelle musique atroce ! N'est pas Carpenter qui veut, M. Sattouf) : décidément, si même les productions françaises alléchantes viennent couler à pic...