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On critique généralement ce film pour son look eighties affreux, pour ses moyens limités bien inférieurs à ceux des productions officielles de "Bond", ainsi que pour l’âge de Sean Connery, jugé trop vieux. Une série d’arguments tous plus spécieux les uns que les autres.
Lorsqu’on regarde Jamais plus jamais aujourd’hui et qu’on le compare à ses contemporains, il n’a pas à rougir de son aspect esthétique. Les effets spéciaux d’époque ne sont pas plus réussis ou moins ratés que ceux des autres. Irvin Kershner, fort de son expérience de L’Empire contre-attaque, nous offre notamment un survol tout à fait convaincant de la campagne britannique par des missiles nucléaires. L’image est soignée et il y a quelques plans d’une qualité qu’on ne retrouve pas dans grand nombre de "Bond" officiels, platement filmés au début des années 1980. On pense par exemple à la belle chorégraphie de mouvements devant les grilles qui s’ouvrent à l’arrivée de Barbara Carrera au début du film.
Et puisqu’on parle d’elle, bien qu’elle n'efface pas la grande prestation de Luciana Paluzzi dans Opération Tonnerre, sa version de Fatima Blush en personnage bipolaire est tout à fait convaincante. La distribution est d’ailleurs très soignée : le grand Max Von Sydow en Blofeld fait oublier la laideur d’un Charles Gray. Klaus Maria Brandauer, ambivalent à souhait, est tout aussi inquiétant - dans un autre style certes - qu’Adolfo Celi dont il reprend le personnage de Largo. Kim Basinger fait des débuts timides, mais honorables. Et pour la partie comique, désormais incontournable depuis que Roger Moore a repris le rôle principal, c’est Rowan "Mr. Bean" Atkinson qui s’y colle, sans en faire des tonnes pour autant. Et on notera Edward Fox dans le rôle du successeur de M.
Car, autre bon point du film, Jamais plus jamais prend en compte l’évolution du contexte depuis le dernier "Bond" de Connery. L’ancien M a donc été remplacé et Bond est traité comme un vieil agent mis au rancard que son chef est obligé de réintégrer, et non comme un playboy de trente ans, grand chef es-cascades sans carnage de brushing. Contrairement à la vision officielle, de plus en plus ridicule, qui continue à présenter le personnage (incarné par un Roger Moore de 56 ans) comme s’il était toujours le jeune et fringant agent des débuts faisant tomber toutes les filles en claquant des doigts. Alors que la série officielle s’enlise dans le ridicule (Octopussy qui est sorti quelques semaines auparavant), ce hors-série, remake du meilleur "James Bond", se montre plus réaliste et plus crédible en de nombreux points.
Alors, oui, le film a aussi de vrais défauts. Et notamment deux, qui sont impardonnables : la musique affreuse de Michel Legrand ("Never Say Never Again", la chanson du générique reste toutefois dans la tradition des soupes de l’époque, "For your Eyes Only" et "All Time High") et surtout la moumoute de Sean Connery qui, franchement, gâche beaucoup de plans. On se demande comment ils ont pu laisser passer un mauvais goût pareil. L’absence du "James Bond Theme" est évidemment à ajouter dans la colonne des défauts.
1983 a été l’année du grand duel entre les deux interprètes les plus emblématiques du personnages (sept incarnations chacun) qui a vu Roger Moore l’emporter au box-office. Mais une nouvelle fois, le choix du grand public ne s’est pas tourné vers la qualité. En fait, Roger Moore devait être remplacé pour Octopussy, mais lorsque la production officielle a eu vent du projet avec Sean Connery, ils se sont dit qu'il valait mieux le garder plutôt que prendre le risque de décevoir - et de perdre la confrontation - avec un nouvel acteur.
En cette même année de grand duel, on notera pour l’anecdote que George Lazenby a également repris le rôle de Bond …dans un épisode du Retour des Agents très spéciaux.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes L'espionnage dans tous ses états, Sean Connery : 50 ans de films (1953-2003) et Les meilleurs James Bond
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le 27 nov. 2024
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