Comment se fait-il que les comédies romantiques françaises ont autant de mal à se hisser au niveau de leurs homologues britanniques ? Une histoire de gènes, peut-être, une tendance à trop intellectualiser, sans doute. Ceci dit, il y a de belles exceptions, du côté de Mouret, par exemple, et le premier long métrage de Laura Piani ne manque pas de charme et de fantaisie, tout en restant excessivement sage, cependant. Le côté anachronique de Jane Austen a gâché ma vie est loin d'être gênant même s'il empêche parfois le film de séduire autant qu' il le pourrait, surtout quand il se permet quelques incursions excentriques et absurdes (les lamas) bienvenues. Le piquant dans cette intrigue, qui passe par une résidence d'écrivains, outre-Manche, vient principalement de son héroïne hésitante et frustrée, interprétée avec une jolie vivacité par Camille Rutherford. Maison et atermoiements, le cocktail ne monte pas à la tête et se révèle même un tantinet languissant sur la longueur mais ne se délite jamais, en dépit d'une conclusion trop attendue et mièvre. En prenant un peu plus de risques et en travaillant davantage ses seconds rôles et l'opposition entre les tempéraments anglais et français, le film aurait pu être davantage qu'un divertissement soigné mais pas assez acidulé.