Alors que la chasse à Jason Bourne bat son plein (le film commence au même moment que "La vengeance dans la peau" et se déroule en parallèle), Outcome, un autre programme d'agents d'élite parallèle à Treadstone et Blackbriar (décidément...), commence à poser problème à quelques grands pontes des services secrets, dont Ezra Kramer, une fois n'est pas coutume. Toutes les personnes liées de près à ce programme sont liquidées sauf deux qui sont parvenues à s'échapper : l'agent Aaron Cross et la scientifique Marta Shearing.
Je tenais à rendre hommage via le titre à la tendance enfin disparue de systématiquement nommer les films de cette série "dans la peau" dans notre bon pays, ça commençait à bien faire.
J'ai presque eu envie de jouer au frustré (ce qui me répugne), tant ce film suinte la surexploitation outrageuse par son studio de ce qu'il reste du héros de Ludlum, mais j'y ai trouvé un peu d'intérêt comme à chaque film de ce genre, la surprise en moins. La boucle avait été bien bouclée au bout de trois films, ce n'était guère la peine d'en rajouter mais puisqu'on en est là ... On aurait très bien pu se passer à la fois d'un tel titre et de références inutiles à Jason Bourne (ah tiens, il est passé dans ce chalet paumé, cool ...), inutiles car de faible incidence sur l'histoire, qui aurait pu essayer d'exister un peu par elle-même, en soi c'est un concept vraiment maladroit, mais bon, fallait bien profiter du "brand name" n'est-ce pas ...
On sent le désir de bien faire ou de se démarquer des précédents par moments (du côté de Rachel Weisz surtout, un peu de trekking en Alaska, une histoire de traitement médicamenteux pour super-soldats et une attaque de drone pour changer) mais globalement c'est de la bonne grosse redite : un agent très malin qui ne demandait rien à personne avec tout le service d'espionnage et d'opérations noires aux fesses, encore une couche de dirigeants corrompus, encore un programme secret en guise de boule puante, encore un cadre de la CIA (ou autre, n'importe, et c'est Edward Norton qui s'y colle cette fois) qui s'acharne à vouloir la peau du fugitif depuis sa salle de contrôle au regard de laquelle rien sur Terre ne peut échapper, un festival de tueurs qui tombent comme des mouches après deux ou trois prises de kali philippin ou de krav maga (bon cette fois il n'hésite pas à briser des nuques), une louche de police inutile, de la poursuite à pieds sur les toits puis en moto/bagnole en veux-tu en voilà (cette fois le principal agent de terrain ennemi est vraiment trop fade et caricatural, il ne sert qu'à "pimenter" la poursuite, et je ne sais pas s'il faut déplorer ou non l'absence du thème musical de poursuite à Berlin/Tanger par John Powell) ... Et la sempiternelle Extreme Ways à la fin bien sûr, j'avais failli l'oublier celle-là, Moby veut ses royalties ... Et je la voyais pas venir hélas, après tout y a encore Eddie Norton à descendre, faut absolument que je trouve une place gratuite pour voir ça.
6 parce que j'ai quand même été un peu scotché au fauteuil par moments (moins qu'avant de toute manière), Jeremy Renner le bon petit soldat à belle gueule burinée du grand Hollywood actuel fournit un remplacement plutôt efficace à Matt Damon (même s'il a un peu moins à développer que la perte de mémoire et le sentiment de culpabilité qui en résultait, fatalement), Rachel Weisz est décidément adorable (surtout quand elle pleure), même si en définitive Tony Gilroy filme avec moins de punch que Paul Greengrass. Ç'aurait pu être mieux, ç'aurait pu être pire.
A vous l'honneur maintenant, Mr. Bond.