Echec commercial à sa sortie, "Jason and the Argonauts" fait néanmoins partie de ces œuvres qui ont réussi à trouver leur public par la suite. Le film se paye même le luxe d'avoir bercé des générations d'enfants, dont de futurs cinéastes bien connus qui lui ont rendu hommage.
Et on peut comprendre pourquoi en le voyant, tant il est généreux en spectacle. Les aventures de Jason sont racontées à vitesse grand V (1h44 pour une grosse partie du mythe !), mettant l'accent sur les moments de bravoure. Et là-dessus, il faut dire que l'on est très bien servi, puisque la vraie star n'est ni le réalisateur, ni l'acteur principal, mais Ray Harryhausen, grand maître du stop motion.
Celui-ci envoie le paquet, avec un bestiaire très fourni, et plusieurs séquences réellement impressionnantes, surtout quant on pense au travail qu'il y a eu derrière. La plus emblématique étant évidemment cet affrontement entre Jason et un groupe de squelettes, sorte de version améliorée du combat entre Sinbad et le squelette sorti quelques années plus tôt. Mais il serait criminel de réduire le film à cette scène, tant il propose des idées visuelles sympathiques.
A côté, il faut bien dire que la mise en scène n'est pas toujours la plus adroite. Ni le scénario d'ailleurs (Jason crame vite et sans trop réfléchir ses jokers divins dans la première partie...). Et les jeux d'acteurs sont inégaux (Todd Armstrong, par ailleurs doublé par un acteur britannique, n'aura pas de grande carrière à l'écran, chose peu étonnante).
Toutefois le film mène très efficacement sa barque, grâce notamment à un budget confortable : 3 millions de dollars, soit l'équivalent de "Goldfinger" sorti l'année suivante (dans lequel on retrouvera Honor Blackman). Outre les effets spéciaux, il aligne les figurants, costumes, navires et décors, ce qui est toujours appréciable, d'autant plus qu'il le fait sans prétention. Sans oublier la BO de Bernard Herrmann, composée essentiellement de cuivres et de percussions, qui donne un côté grandiloquent à l'ensemble.
Malheureusement, la fin laissée plus ou moins ouverte ne donnera jamais lieu à une suite, à cause de l'échec au box office...