Leila et Salma partagent un appartement à Tel-Aviv et un goût prononcé pour la vie nocturne, les bars et la fête. Alcool et cigarettes non-stop, façon d'affirmer leur liberté en singeant les hommes.
La troisième colocataire les quittent pour se marier. "Une femme d'expérience" lui donne deux conseils avant sa nuit de noce :
1. La soumission : "Au lit, accepte tout ce dont ton mari a envie".
2. La dissimulation : "Ne lui montre pas que tu as de l'expérience !"
Instructif, non ? Si "les femmes d'expérience" n'étaient pas des piliers de cette société patriarcale et machiste, elle s'effondrerait.
Nour, la nouvelle colocataire, emménage. Étudiante voilée en informatique, elle est sérieuse et pieuse.
Le film est centré sur la vie affective de ces Palestiniennes, qui se heurtent au contrôle de leur entourage, familial et masculin. Défendant les femmes, l'avocate Leila est la plus affranchie dans ses mœurs et sa profession. La caméra s'attarde amoureusement sur sa silhouette, ses cheveux bouclés, son maquillage. Mais son aventure avec un beau brun aux yeux clairs est d'une platitude ! Un flirt cucul face à la mer, des rapports sexuels occultés... L'issue de l'amourette est prévisible...
Salma refuse tous les hommes dénichés par ses parents pour la marier. Elle démissionne du restaurant où elle travaille, car elle y parle arabe, refuse l'hébreu imposé par son patron. Ces preuves de caractère me plaisent. Le film semble prendre une dimension politique. Déception ! Devenue serveuse, Salma noue des rapports gnangnans avec une rencontre de bar. Une astuce du scénario permet d'échapper à l'enlisement total.
De son côté, Nour sympathise avec ses colocataires : elle les avait mal jugées.
Son fiancé, un primate victime de ses pulsions sexuelles, trouve une culotte dans la salle de bain et viole Nour.
Après le drame, Salma et Leila s'occupent de Nour et Leila imagine une vengeance exemplaire.
La cinéaste Maysaloun Hamoud défend les femmes qui revendiquent une vie plus libre en Israël. Ses trois héroïnes se rebellent contre une société machiste et conformiste. J'apprécie la dénonciation de l'hypocrisie des familles et des hommes. Mais elle filme conventionnellement leur vie sentimentale. Du coup, cette bluette devient un film de filles pour les filles, un épisode de la guerre des sexes... avec le mariage dans le viseur. Tout de même !
- "Dégage de ma voiture !" répète l'experte en art oratoire, pour qu'il comprenne bien le crétin ! Pas de colocation en vue pour le beau brun.
Le film a valu une fatwa à sa réalisatrice, condamnée pour "immoralité" (sic !). Que les femmes veuillent vivre à leur guise, c'en est trop, DANGER ! De nombreuses voix s'élèvent pour défendre Maysaloun Hamoud. Décidément, ces fondamentalistes ne connaissent rien au cinéma.