Je viens de voir que le film n'est que de 2007 alors que l'on a l'impression que c'est d'une génération plus ancienne!? 2007, l'année où le méchant Nicolas Sarkozy d'extrême droite, finalement de gauche a été élu. Ce temps révolu durant lequel on pouvait encore écrire un scénario, faire son casting ou encore mettre en scène les acteurs sans réfléchir aux conséquences futurs (les 500 techniciens en touts genres, votre producteur ou votre chien qui vous dévisagent durant tout le tournage ne pourront être un alibi).
Cette banale comédie donne un sentiment de fraicheur, un peu comme dans les années 80 quand on avait la nostalgie du cinéma des années 60... Avec cette façon simple de concilier comédie et critique sociale sans que cela ne se ressente à l'écran.
Alors oui, c'était le bon vieux temps avec toute l'exclusion dans ces bagages: pas d'arabes ou de noirs, chaque sexe bien rangé dans son rôle et aucune relation homosexuel ou autres à l'horizon. Bon en même temps, en toute franchise, rappelez vous vos relations à la trentaine... enfin, pour ceux pour qui "La vie rêvée des anges" évoque quelque chose (né aux alentours de 1980, donc).
Moi j'avais un arabe dans ma classe à la fin de ma primaire puis 2 ou 3 au lycée en banlieue Bordelaise. Idem pour les homosexuels, j'en connaissais quelques uns dès le collège, tous bien dans leur peau si l'on compare aux enfants de notre génération (un enfant bien dans sa peau, c'est louche; vous les reconnaissez facilement: futur patron ou suceur de patrons*, au choix). Pour les "bi", ils s'agit d'en parler avec son conjoint avant toutes choses, depuis la nuit des temps ou de le garder pour soi... Certes, ces jeunes non binaires ne représentaient qu'une petite partie de la communauté réelle, mais personne ne pourra me dire qu'ils n'avaient pas de modèles en face d'eux pour leur monter leur difficile chemin (pas bien plus facile aujourd'hui, en passant). Donc oui, salaud que je suis, je n'avais dans mon cercle d'amis proches que des personnes binaires de couleurs blanches qui mettaient le petit Jésus sous leur sapin. Et comme les chats ne font pas de chiens, ce n'est que dans les années 90 que la diversité en France nous a sauté aux yeux (on se foutait pas mal que son pote avaient des origines Italiennes, Algériennes ou Portugaises auparavant?! Et on était tous bronzés à la rentrée). Puis, les nouveaux Tanguy rebelles n'ont pas garder le réflexe de fuguer pour toujours du foyer douillé, pour le cas précis et délicat de parents qui n'acceptent pas l'homosexualité de leurs enfants.
Pour ce film sympa, avec ses acteurs bons dans l'ensemble -idem pour tous les enfants-, cela ne me fait pas plaisir de tourner ma critique en discours politique. Mais si vous regardez ce film maintenant et que vous avez au moins l'âge des protagonistes adultes, je ne vois pas comment vous ne pourriez pas y penser un peu. Et c'était il y a seulement 14 ans...
*: petite dédicace aux sempiternels "Gilets Jaunes", expert s'il en est en suceurs de patrons pour les meilleurs d'entre eux.