C’est par ce titre un brin provocateur que j’aimerai commencer cette critique pour partager un point de vue et une réflexion que m’ont inspiré le court-métrage.
Le féminisme tel qu’il est pratiqué aujourd’hui n’est pas une idéologique politique comme les autres : c’est une doctrine ; au même titre que le communisme et la psychanalyse en leur temps. Ainsi, elles n’acceptent aucune réfutation de leurs principes et aucune remise en question n’est possible puisque chacune des réfutations sera une « preuve » supplémentaire de la validité de la doctrine. Si l’on nie le bien-fondé du communisme, c’est que l’on est vendu aux bourgeois ; si l’on récuse la psychanalyse, c’est bien la preuve que l’inconscient existe et qu’il est à l’œuvre pour refouler cette idée ; enfin, si l’on s’interroge sur les moyens ou les principes du féminisme sans les accepter en bloc, on ne saurait être ni plus ni moins qu’un machiste ! De ce fait, on retombe nécessairement dans un manichéisme primaire et c’est bien cette formule : « si tu n’es pas avec moi, c’est donc que tu es contre moins » (phrase qui fit bien rire dans la bouche d’Anakin) qui est pourtant le socle de pensée de toutes les doctrines et de tous les fanatiques.
Replacée dans la situation de ce court-métrage, voici comment se place la dialectique : « Regardez ! Ce film est féministe, il est donc exempt de toute critique possible ! » Et dans une société comme la notre qui se veut égalitaire (ça rime avec totalitaire, c’est la dictature de l’égalité) et non plus équitable (comme nous l’avait appris Victor Hugo), on applaudit des deux mains sans avoir une seconde réfléchi. Réfléchi à ce que dicte le bon sens et la justice, et je ne ferai ici que répéter ce que d’autre ont déjà dit mais : en quoi est-ce juste de laisser partir sans punition une fille qui a frappé son camarade ?
Le film nous interdit de penser cela. Il nous met devant un fait accompli – une vision fantasmée du système scolaire, caricature à peine croyable à des années-lumière de la vérité – et nous dit « Ça, c’est le futur. »
De même, lorsqu'une décision de justice est en défaveur des associations féministes, c’est toujours à cause de la société patriarcale. Je ne nie pas le fait que la domination masculine existe, je pense seulement qu’il serait bien plus efficace de faire changer les mentalités dans la vie quotidienne, c’est-à-dire de s’attaquer à la source de ce qui perpétue cette domination plutôt qu’à des symptômes assez inoffensifs qui sont l'objet de ces procès, en escomptant jouer sur l’impact médiatique.
Or, que nous a appris l’histoire sur les deux doctrines que j’ai citée plus haut ? Le communisme a montré maintes fois ses dérives lorsqu’on l’appliquait, et la psychanalyse est retournée bien sagement dans le domaine de la psychothérapie où elle peut encore s’y trouver utile, et en laissant le terrain scientifique à la psychiatrie. Tous deux auront servi d’étape dans la réflexion. Réflexion économique pour le communisme et il aurait certainement été souhaitable qu’il ne vit pas le jour mais qu’on s’inspirât de ses idées. Réflexion sur le psychisme pour qu’on tienne enfin compte de l’esprit et de son fonctionnement pour traiter les patients dont les signes ne sont pas que physiques. De la même manière, le féminisme ne peut être qu’une étape vers la société future, pas son accomplissement.
Pour terminer, je dirais que le court-métrage est mal filmé, mal joué et qu’il est malhonnête ce qui justifie pleinement sa note.