La guerre des boutons, c'est pour les fiotes.
A vous qui pensiez que le monde des enfants n'est fait que de petites chamailleries amicales, « Je suis le seigneur du château » va enterrer vos convictions à grands coups de pelle.
C'est une histoire de haine féroce entre deux enfants. Régis Wargniez est le seul à avoir su capter l'ambiance du monde des enfants : on égorge des corbeaux dans le lit de l'autre (jolie référence au Khartoum du Parrain, par le futur réalisateur d'Indochine), on se travestit pour représenter sa mère sous les traits d'une pute, et on se bat en duel jusqu'au sang.
Ne vous fiez pas à l'affiche, qui annonce Jean Rochefort et Dominique Blanc comme les deux rôles-titres : le monde des adultes n'a qu'une place très secondaire, ce sont les enfants qui forment le coeur de l'intrigue. Le film montre parfaitement à quel point les adultes ne comprennent rien aux haines qui parcourent l'univers de leur progéniture : ils vivent une petite romance, sans s'apercevoir qu'elle nourrit la rancune qui déchire leurs deux enfants.
La photographie est très soignée, les lieux et paysages sont bien choisis et adaptés, surtout la forêt et les roches. La musique est époustouflante, Prokofiev souligne que ce qui se passe dans les chambres d'enfants n'est pas qu'un petit jeu innocent : entre pactes de sang et combats à l'épée, this is serious business.
Un petit chef-d'oeuvre inattendu. A ne pas voir les jours de déprime ; et à ne pas regarder avec ses gosses ...
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Vus ou revus en 2013