Au grand récit historique et politique qui ressusciterait les fantômes pour mieux accuser l'État et la responsabilité de coupables désignés, Walter Salles préfère la rédemption tranquille, le jugement apaisé (et d'autant plus efficace que celui à charge frontale) de celui qui se retourne, et la réflexion microscopique de la saga familiale ; où comment le joug de la dictature militaire parvient par la torture immatérielle à atteindre le plus intime, à briser des destins, et à crever le plus précieux : l'amour inconditionnel de la cellule familiale rongé par l'absence et le non-dit.
Dans un classicisme que ce sujet mérite (mais avec quelques longueurs facilement évitables) il brosse surtout le portrait digne de Eunice Paiva, mère (mais pas que) courage sublimement interprétée par Fernanda Torres (qui mérite une cascade de récompenses), et rappelle s'il en était encore besoin, le pouvoir puissamment (et parfois tristement) romanesque de la réalité.