S'intéresser à cette création de Moretti n'est pas très compliqué, du moment qu'on veut bien voir des personnages discourir de ce qu'ils sont, sans l'être pour autant, pendant quatre-vingt-dix minutes. Et puis le film réussit au moins à être sa propre métaphore ; dans l'histoire, un groupe d'étudiants accouche d'une pièce à coups de ne rien faire et de ne pas savoir quoi dire, et on a l'impression que le résultat s'appelle Je suis un autarcique. Le seul bon acteur est Andrea Pozzi – jouant l'enfant – car c'est le seul à qui l'on a pas pu expliquer que son jeu ne devait rien vouloir dire.
L'œuvre n'a rien pour elle : la post-synchronisation est mauvaise, l'usage de la musique n'aurait pas été différent s'il avait été fait avec inculture (pauvre Supertramp qui se voit coupé après un extrait de trente secondes choisi juste parce qu'il sonnait bien, alors que les paroles n'ont de toute évidence pas été écoutées vu qu'elles n'ont aucun rapport avec la scène ou l'histoire).
Avec tout le respect que je dois à l'art et aux difficultés de se faire connaître, j'ai du mal à considérer que le film mérite un public plus grand que la pièce qu'il dépeint ; quelques amis, quelques barjos, qui se précipitent vers la sortie dès que commence le débat d'après-représentation, n'ayant pour seul honte que d'être le dernier spectateur. Le prénom des acteurs correspond à celui de leurs personnages, et je trouve que ça donne une très bonne idée du degré d'expérimentation que l'œuvre revêt et le degré d'intimité que méritait sa diffusion.
Quantième Art