Il doit bien rester ici ou là de pauvres âmes en peine pour qui James Stewart représente uniquement le jeune premier idéal chez Capra, Lubitsch ou Cukor, voire le quadragénaire Hitchkockien... Ce qui avouons-le, suffit à faire de lui probablement le plus grand acteur du monde... Même ceux qui n'ont pas oublié sa longue carrière de westerner le cantonnent peut-être à deux ou trois rôles pour le grand Ford et le personnage humaniste de la Flèche brisée...

Et bien, en fait, Jimmy, c'est aussi un sacré salopard dans tous les westerns qu'il a tournés pour Anthony Mann. Et ça, même si ça n'atteint jamais les sommets cités plus hauts, même si le cynisme lui va moins bien que la bougonnerie débonnaire, ça compte aussi pour avoir un aperçu complet du bonhomme et savoir ce qui se cache d'un peu sombre derrière la plus grande paire de jambes d'Hollywood...

Ici, Jimmy commence comme convoyeur d'un troupeau de bétail qui lui appartient en propre, à lui et à cette vieille loque de Walter Brennan. Il s'agit d'apporter la bidoche dans le territoire du Yucon, près de cette rivière qui donnera son nom à la plus grande fièvre de l'or de l'histoire : le Klondike.

Imaginez des prospecteurs pleins de poudre d'or mais manquant cruellement de tous les biens matériels primaires et vous verrez assez vite qu'il y a pas mal d'argent à se faire là-bas, avec un peu d'esprit d'entreprise.

C'est aussi ce que se dit John McIntire, sorte de Roy Bean local qui use et abuse de son pouvoir de juge avec une absence de scrupules contagieuse... Entre lui et ses tueurs et la masse de bouseux moutonniers qui sert de population du coin, Jimmy a juste envie qu'on lui fiche la paix, surtout qu'il se sent plus à l'aise avec une Ruth Roman opportuniste qu'avec une Corinne Calvet (française jouant la teutonne, tout va bien...) plus compatissante...

Le film se concentre sans temps mort sur une heure et demi de plaisir presque constant, dans les paysages canadiens agréablement technicolorisés... Pas le meilleur du duo Mann-Stewart à mon sens, je préfère Winchester 73 ou l'Appât, mais la description de la ruée vers l'or donne à celui-ci des avantages qu'on aurait bien tort de délaisser...
Torpenn
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top 15 Films de Café, Top 15 Films de Cloche, Top 15 Films de Radeau, Top 15 Films de Flume et Top 15 Films avec une musique d'Enrico Nicola Mancini

Créée

le 5 mars 2012

Critique lue 1.7K fois

46 j'aime

21 commentaires

Torpenn

Écrit par

Critique lue 1.7K fois

46
21

D'autres avis sur Je suis un aventurier

Je suis un aventurier
Docteur_Jivago
8

♪♫ I'm a Poor Lonesome Cowboy ♪♫

Lorsqu'on découvre un western d'Anthony Mann avec James Stewart, il y a ce plaisir de se dire que les codes ne seront pas forcément respectés, ou du moins non essentiels, et que la ballade dans...

le 10 sept. 2020

32 j'aime

9

Je suis un aventurier
Ugly
7

En de lointaines contrées

Par ce titre de critique, je fais référence au titre original The Far country qui emmène les personnages de cette histoire loin des paysages américains habituels des westerns, dans des contrées aux...

Par

le 25 avr. 2017

26 j'aime

4

Je suis un aventurier
Sergent_Pepper
7

Violence & désunions.

4ème des cinq westerns qui réunissent Anthony Mann et James Stewart, The Far Country joue une nouvelle carte en termes d’occupation de l’espace. Alors qu’on envisage généralement deux cas de figure...

le 19 déc. 2017

23 j'aime

Du même critique

Into the Wild
Torpenn
5

Itinéraire d'un enfant gâté

A 22 ans, notre héros, qui a feuilleté deux lignes de Thoreau et trois pages de Jack London, abandonne sans un mot sa famille après son diplôme et va vivre deux années d'errance avant de crever comme...

le 17 nov. 2012

471 j'aime

181

Django Unchained
Torpenn
4

Esclavage de cerveau

Aussi improbable que cela puisse apparaître à mes lecteurs les plus obtus, j’aime bien Tarantino, je trouve qu’il arrive très bien à mettre en scène ses histoires, qu’il épice agréablement ces...

le 22 janv. 2013

395 j'aime

174

Le Parrain
Torpenn
10

Le festival de Caan...

Tout a déjà été dit sur ce film, un des plus grands jamais réalisé. Tout le monde a vanté, un jour son casting impeccable : un Brando ressuscité, un Pacino naissant, bien loin de ses tics...

le 6 janv. 2011

366 j'aime

131