Un type suicidaire (Claude Rich) accepte d'être le cobaye d'une expérience de transfert dans le passé.
S'adonnant au cinéma fantastique, Alain Resnais ne s'intéresse pas tant, semble-t-il, à la nature du Temps et à sa manipulation qu'à la forme cinématographique expérimentale que lui permet le cas de figure proposé par le sujet.
Transporté dans un passé récent, c'est-à-dire celui qui précède sa tentative de suicide, Claude Ridder voit défiler des moments, des instantanés de sa vie dans un désordre avec lequel le spectateur est tenu de composer. L'occasion pour le cinéaste de s'exercer à un récit chaotique, brouillé par l'absence de chronologie des scènes ou la récurrence de certaines. Resnais, continuant ses explorations de style, réalise un film qui veut échapper aux narrations courantes du cinéma. Il démontre qu'en dépit d'une mise en scène sans structure logique ou cohérente, une histoire peut prendre forme, en l'occurrence celle de Ridder.
L'ambition et la réflexion du réalisateur ne sont sans doute pas sans intérêt artistique, au moins pour les théoriciens du cinéma, mais il faut reconnaitre que l'intérêt que l'on porte au personnage principal, ses tourments sentimentaux, ses interrogations existentielles ou métaphysiques, et sa lassitude morale est assez limité. Ces fragments de vie, comme des réminiscences, sont peu passionnants ou transcendants. C'est la faiblesse du film.