Après Pupille, consacré à l'adoption, Jeanne Herry traite d'un autre sujet méconnu : la justice restaurative, un procédé qui permet de mettre en contact victimes et délinquants et d’amorcer un dialogue qui doit aider les premières à surmonter leurs traumas et les seconds à prendre conscience des conséquences de leurs actes. Durant ce film, Nawell, Grégoire et Sabine ont été victimes de vols avec agression. Issa, Nassim et Thomas sont en prison pour faits de vols et braquages.
D’une finesse d’écriture exceptionnelle, Je verrai Toujours vos Visages atteint une justesse quasi documentaire. Le film trouve son rythme et son dynamisme dans les émotions qui parcourent les visages et les liens qui se tissent entre les personnages. Il ne souffre d’aucun temps mort ni faible, et fait preuve d’une remarquable fluidité narrative. Malgré la dureté des histoires, malgré la détresse des victimes, Herry parvient à imposer des moments de respirations, parfois drôles ou tendres, toujours vrais.
La véracité des témoignages et des confrontations est sidérante. Les acteurs utilisent toujours les mots justes, renforçant le message central du film, la nécessité du dialogue pour faire société. Sans angélisme, en repoussant le pathos tant que possible, mais avec optimisme et espoir, "Je verrai Toujours vos Visages" met en en lumière la résilience et la possibilité, si ce n’est de pardon, de réparation.
Au-delà de la réalisation toute en maitrise de Herry, si le film fonctionne si bien, c’est aussi et surtout grâce à la densité et à l’homogénéité extraordinaire du casting. Tous les acteurs font preuve d’une interprétation à fleur de peau, d’un naturel magistral. Difficile de faire ressortir des performances mais Adèle Exarchopoulos ou Gilles Lelouche m'ont particulièrement impressionné.
"Je verrai toujours vos visages" fait partie de ces films dont on ressort grandit , ce film profondément "citoyen" plein de force, de tendresse et d'humanité. Une véritable claque