La vie est une course effrénée. Tout le monde cours, sans pause, sans même être capable de décrire le paysage qui défile. Un marathon couru comme un 100m. Certains abandonnent, et sont à l’écart sur les bords des chemins. Rares sont ceux qui prennent le temps de leur tendre la main. Chacun continue sa course sans comprendre que le plus important n’est peut-être pas le rythme ou la vitesse, mais le partage avec ceux qui n’arrivent plus à courir. Ceux qui n’arrivent plus à se relever, ceux sont eux les victimes. Les victimes de braquages, de vols à main armé ou encore de vols à l’arraché. Des anciens coureurs qui n’ont plus la force de se lever, ou s’il y arrivent, trébuchent quelques foulées plus tard. Ces victimes sont ceux pour qui les procès ou les indemnités de dommages et intérêt sont insuffisants, en tout cas inutiles pour se remettre dans la course. De l’autre côté du chemin, se trouvent ceux pour qui la course est mise en pause. Pour les punir de leurs actes ils sont détenus enfermés. Puis après un temps impartit ils sont relâchés. Il courent à nouveau puis, souvent quelques kilomètres après ils sont de nouveau inculpés et contraints d’arrêter leur course. Arrêter de courir est la punition. Revenir dans la course est le retour à la normalité, comme si remettre un pied devant l’autre était suffisant pour comprendre ces actes et leurs conséquences. Ce film dépeint une justice punitive pleines de failles.
Après avoir été plongée dans ces histoires ancrées dans la réalité, on comprend que punir sans dialoguer est vain. On réalise qu’on est victime à perpétuité. Pendant deux heures, on comprend l’intérêt de la justice restaurative. Cette justice qui passe par la confrontation entre les auteurs de crimes et les victimes. On comprend que si l’on ne veut plus tomber il faut échanger et discuter avec ceux à l’origine de notre chute.
Si Je verrai toujours vos visages est un excellent film, la qualité de la distribution en est la raison principale. Tous les acteurs sont à saluer. Des rôles principaux aux rôles secondaires. Il faut souligner leur prestation magistrale car grâce à eux le film prend sens. Ils sont tous touchants sans jamais tomber dans la démesure et le sur-jeu. Leur force tient de leur capacité à nous faire ressentir le vrai.