Justice (presque) nulle part

C'est vrai que lorsque vous avez pareil sujet entre les mains, difficile de se planter totalement. Yves Rénier ne le fera pas, s'en sortant même plutôt pas mal dans ce registre « téléfilm populaire de qualité ». Franchement, cette histoire est juste incroyable. On dit souvent que les faits réels font les meilleurs récits : je ne serais pas aussi catégorique mais pour celui-ci, ça se défend grandement. L'une des plus grosses erreurs judiciaires françaises, certes aidée par les aveux étranges et terriblement naïfs de Patrick Dils, mais ne justifiant en aucun cas un jugement aussi bâclé.

Sans coups d'éclats ni grandes idées, Rénier sait installer une vraie ambiance, un ton juste, assez précis, émouvant mais sans pathos ou dramatisation inutile : on y croit, du début à la fin, excepté (et encore) le personnage que l'ami Yves interprète, mais apportant un petit plus alors ce n'est pas gênant. L'enfer carcéral (surtout pour un présumé tueur d'enfants), la terrible injustice de la situation, le très, très long processus pour permettre enfin de faire éclater la vérité au grand jour, comment briser plusieurs vies presque uniquement pour avoir un plus joli CV, voire une plus grande facilité de le croire coupable car issu d'une famille défavorisée...

Tout cela est abordé, sans immense subtilité, mais avec intelligence et pédagogie, l'acteur-réalisateur s'étant manifestement beaucoup renseigné en amont. Enfin, si Mathilde Seigner est très convaincante, Thomas Mustin est brillant, donnant toute l'authenticité, l'intensité nécessaire pour un rôle loin d'être évident : un grand bravo à lui. On en vient même à être réellement ému lors du dénouement (même si on le connaît à l'avance), preuve qu'Yves Rénier a vraiment réussi son coup sà travers cette histoire malheureusement on ne peut plus vrai : de quoi me donner envie de découvrir son téléfilm consacré à la Santé (la prison, pas l'état physique!).