C'est con : pour une fois que Claude Berri soignait sa mise en scène, voilà que ce sont les personnages qui sont moins attachants qu'à l'accoutumée! Pourtant, pendant une bonne moitié je me suis vraiment régalé à travers ces allers-retours temporels très pertinents, évitant toute linéarité sans pour autant devenir trop complexe ou illisible. Au contraire, cela nous permet de comprendre les différentes étapes par lesquelles est passée notre héroïne, aussi bien dans ses joies (un peu) que dans ses chagrins (surtout). Pourtant, les transitions paraissent toujours naturelles, sans que l'on ait jamais une impression de répétition, la personnalité de chaque « homme de sa vie » (Jean-Louis Trintignant, Gérard Depardieu, Alain Souchon, Serge Gainsbourg et Christian Marquand dans une jolie apparition) s'avérant on ne peut plus différente.
Malheureusement, j'avoue avoir un peu décroché dans la seconde partie, trouvant malgré tout cette femme incapable de s'attacher sur la durée légèrement irritante, consciente de l'être certes, mais trop éloignée de nous, d'autant que ces différents amours ne sont pas tous des cadeaux non plus. Reste que si mon plaisir s'en est du coup ressenti, difficile de rester de marbre devant les dernières minutes, mélancoliques à souhait, illustrant bien une œuvre par ailleurs souvent juste et ne tombant jamais dans la facilité. Et puis Catherine Deneuve, dans un rôle très autobiographique, reste une actrice fascinante, comme lorsqu'elle chante un titre pour une fois très potable de Gainsbourg : « Dieu est un fumeur de havanes ». Malgré quelques réserves, un beau film.