Il faut voir au delà de l'horrible mise en scène, balourde, gamine, entendre plus que la musique indigeste d'André Manoukian, et passer outre certains personnages horriblement ridicules (ne reparlons plus jamais d'Antoine Duléry en Chris Summer) pour bien voir Jean-Philippe.
L'intérêt n'est pas là.
On peut le trouver tout d'abord dans le jeu très (trop ?) Luchinien de Luchini, qui, au sens propre comme au sens figuré, joue (du) Luchini. Multiples "C'est énooorme." à l'appui.
On peut aussi le trouver dans le postulat scénaristique, aussi désuet que barré, aussi culotté qu'intrigant : dans un monde parallèle au notre, Johnny Hallyday n'existerait plus.
On peut encore le trouver chez Johnny Hallyday lui-même qui, aussi touchant que drôle, assume ce rôle et, avec beaucoup de distance et de second degré, se moque gentiment de lui-même et se prête à ce jeu introspectif avec malice et honnêteté.
Mais on le trouve encore et surtout dans la malignité de ce scénario, finement écrit quoique conservant toujours son aspect ubuesque, surréaliste assumé, au final puissant, qui évite les résolutions classiques pour pousser encore plus loin le délire "méta", où les acteurs/chanteurs brisent le quatrième mur et se jouent eux-mêmes, notamment lors d'une séquence culte où le film parvient véritablement à embrouiller les esprits : lors d'un concours de chant, Johnny Halliday, alors seulement Jean-Philippe Smet, sa carrière encore toute à construire, rencontre Benoît Pooelvoorde, en Cloclo. Avons-nous là affaire au personnage ? au chanteur imité ? à l'acteur ?
Là est toute la question.