Bonjour tout le monde,

Avant cette œuvre cinématographique, Chantal Ackerman a réalisé, en 1968, un court métrage " Saute ma ville " qui est probablement la genèse de Jeanne Dielman qui est réalisé en 1975. Ce film est complètement et tranquillement radical et expérimental et lié à la condition féminine.

Jeanne Dielman, veuve belge francophone,vit seule avec son fils lycéen et néerlandais.

En ayant vu ce film , voilà ce qu'il me vient à l' esprit et que je couche sur le papier électronique :

  • Deux cent une minutes de plans séquences, tous fixes, enchassent Jeanne Dielman dans une prison sans barreau qui est son appartement.
  • Le ton sobre des rares comédiens peut évoquer le style de Robert Bresson.
  • Les plans séquences font penser au cinéma du russe Andreï Tarkovski évidemment.
  • Pour survivre, Jeanne Dielman se prostitue chez elle et on pense un peu au film " La maman et la putain " de Jean Eustache.
  • L' ' avalanche ritualisée des gestes du quotidien de Jeanne Dielman nous donne des frissons face aux aliénations quotidiennes et aux gestes répétitifs et effrayants de banalité de cette femme..
  • Delphine Seyrig, qui incarne Jeanne Dielman, est totalement juste et impressionnante de force fragile.

-Probablement , un néon vacillant bleuté donne une impression rythmée, un peu comme du " morse", sur une armoire du salon du petit meublé de Jeanne Dielman lors des plans séquences fixes nocturnes,

-201 minutes décrivent trois journées de la vie de Jeanne Dielman.

  • Dehors , Jeanne Dielman ne se promène point car elle accomplit des tâches précises.
  • Le" métier" de Jeanne Dielman se réalise et elle le subit dans ce petit appartement évidemment.
  • Aucune musique ne vient polluer les sons qui découlent des gestes quotidiens de Jeanne Dielman dans son logis sobre, terne et froid.
  • Les rares dialogues sont ceux de la vie quotidienne entre Jeanne et Sylvain,son fils, ou bien avec ses clients qui viennent et partent , anonymes et familiers.Cela procure une inquiétante étrangeté en visionnant ,dans la salle de cinéma, ce "maître film"'qui nous interroge sur nos gestes quotidiens, chez nous, ainsi que sur leurs sens réels ...........
  • La" chorégraphie" des gestes de ménagère du quotidien de Jeanne Dielman nous saisit abruptement et on peut penser que Chantal Ackerman dénonce avec une simplicité intense l' aliénation, convenable et pesante, des ménagères des années 1960 / 1970 environ. Et maintenant est-ce que cela dure et perdure ?
  • "Jeanne Dielman 23 , quai du commerce 1080 Bruxelles" se veut un film sur la solitude sordide dans sa banalité inique.

-Les gestes, les mots et les pas de Jeanne se déroulent sur trois jours où sont déclinés, peu à peu, un léger dysfonctionnement progressif qui aboutit à un acte radical.

  • Jeanne vit un enfermement volontaire dans son modeste appartement au 23 , rue du Commerce, 1080 Bruxelles, voire un confinement qui sue l' ennui mécanique et qui prépare à une surprise ahurissante.
  • Le titre du film plaide pour un individualisme banal, bancal, quelconque, fade , aliénant et dont le quotidien est envahi par les bruits précis des objets touchés par Jeanne et ses pas tintinabullent de manière obsédante et atemporelle.
  • Pour ce qui a trait à l' essentiel, les relations entre les hommes et les femmes ont- elles si fortement évoluées en une cinquantaine d' années ?
  • Les bruits des gestes de Jeanne Dielman,dans son appartement - prison mentale, sont comme les bruits des machines en usine et nous pensons au film " Les temps modernes" de Charles Chaplin plus particulièrement.
  • La reproduction des gestes du quotidien , jour après jour, agit comme une antidote résistible au temps qui s'écoule irrésistiblement , seconde après seconde...........
  • Les objets ménagers doivent être exactement à leurs places respectives une fois utilisés, jour après jour, et alors ..........Nous nous disons : " mais à quoi peut penser Jeanne Dielman en accomplissant ces gestes ritualisés"?
  • Il y a un avant et un après , pour tout spectateur, après avoir vu , plus exactement reçu , ce film labyrinthe où tourne Jeanne Dielman entourée des sons familiers de son appartement et ...Dring ..Qui sonne ?
  • Les modulations et les infléctions de la voix mystérieuse et singulière de Delphine Seyrig amplifient le mal être tranquille de Jeanne Dielman jusqu'à ce que ..............
  • Les plans séquences en ville , où Jeanne Dielman va, sont à l' unisson des bruits secs et obsédants de ceux de son appartement.
  • Presqu' aucune place pour des sons vivifiants sauf, pour une dizaine de secondes, où on entend un chant d ' oiseaux un matin ....ou bien le gazouillis d' un bébé .......
  • Cette composition filmée, uniquement avec des plans séquences fixes, infuse quelque chose d' hypnotique et de magnétique qui laisse pantois et interrogatif tout spectateur attentif face à cette œuvre d' art du quotidien.
  • Lors du second jour, Jeanne Dielman laisse trop cuire les pommes de terre ce qui indique un début de dérive psychique relativement harmonieuse...............et ...........préoccupante ensuite ............
  • Et. ...paf. ...Pour des pommes de terre trop cuites ........Tout cette mécanique horlogère se détraque , chemin faisant, fermé en boucle dans un appartement sans issue mentalement. ..........
  • En un plan séquence fixe , Chantal Ackerman montre toute l' horreur du patriarcat et toute la salissure hideuse des rapports sexuels , automatiques et tarifés, en un ballet glaçant et filmé au travers d' un miroir ..........avec le plaisir inattendu qui induit un geste rapide et définitif.

En somme , l' imprévu inquiétant peut naître d' une avalanche d' habitude ordinaire !

Puis nous voyons ce terrifiant plan séquence fixe où Jeanne Dielman est figée , assise chez elle et elle pense , immobile ou presque et elle .............

Chantal Ackerman signe un chef d'œuvre au rythme singulier qui touche toute personne et pose sobrement des questions essentielles et intemporelles ................

Évidemment , mon point de vue est partiel et incomplet car quelques fois des œuvres cinématographiques sont irréductibles, incroyables et incernables par des mots et cela est heureux je trouve .............Je suis très intéressé de connaître votre point de vue sur ce film essentiel de l' histoire du cinématographe.'Qu' en pensez- vous ?

Amicalement.

Gérard Michel

GérardMichel1
10
Écrit par

Créée

il y a 5 jours

Modifiée

il y a 5 jours

Gérard Michel

Écrit par

D'autres avis sur Jeanne Dielman, 23, Quai du Commerce, 1080 Bruxelles

Du même critique

Memory
GérardMichel1
9

Les mystères de la mémoire et du souvenir..........

Bonjour tout le monde,Au début un florilège de profils de visages dans une réunion d' anciens alcooliques anonymes..........Michel Franco signe une magistrale réflexion sur les mystères et les aléas...

le 1 juin 2024

4 j'aime

Boléro
GérardMichel1
8

Comment essayer de filmer de la musique ?

Bonjour tout le monde,Le film " Boléro"La réalisatrice : Anne FontaineLa durée : 120 minutesJe vous recommande la scène qui conclut le film d' Anne Fontaine" car la caméra " entre " dans le cerveau...

le 11 mars 2024

4 j'aime

Maison de retraite 2
GérardMichel1
8

Des humanistes actifs!

Bonjour tout le monde,Voici la suite de la " Maison de retraite" avec Kev Adams aussi tonique et convaincant que lors du film initial.Dans la réalité, c' est vraiment abject que des personnes âgées...

le 18 févr. 2024

4 j'aime