Si Versailles était dompté
En ces temps complexes où l’urgence souvent bien violente de l’actualité vient s’immiscer dans des œuvres supposément intemporelles, il faut faire abstraction de bien des éléments pour tenter...
le 17 mai 2023
90 j'aime
9
Non, le nouveau film de Maîwenn n'est pas l'histoire de l'épicerie fine de la Comtesse du Barry, maison qui opère depuis 1908, dites-donc. Son autrice (elle n'est pas seule au scénario, tant mieux), actrice principale et réalisatrice a toujours été adepte du "I did it Maïwenn" et ce n'est pas parce qu'elle s'attaque à une figure historique, qu'elle va changer sa manière de faire du cinéma. Derrière l'exercice égocentrique, pas aussi appuyé que certains l'assurent, se dissimule en effet un long-métrage écrit et filmé avec une certaine élégance, certes classique et non pop et anachronique comme la Marie-Antoinette de Sofia Coopola mais égayé par l'impertinence et l'espièglerie de la favorite du roi. La mise en scène ne manque pas de panache, également, même s'il n'est pas question d'en faire une Jeanne du Barry Lyndon, cela va sans dire. Disons tout de même que le portrait des filles du roi cède quelque peu à la caricature, de même pour ce qui est des us et coutumes de la cour mais rien d'affligeant non plus sur le ton de C'est bien Versailles ici ! Quelques regrets a avoir cependant sur la prestation de Johnny Depp, un peu engoncé dans ses costumes et à la limite de dévoiler son accent américain (bien tenté malgré tout) et sur celle de Maïwenn elle même, qui aurait pu (dû) confier le rôle à une autre comédienne. Louons plutôt quelques seconds rôles qui rehaussent quelque peu l'ensemble de l'interprétation, au premier desquels Benjamin Lavernhe et Pierre Richard s'imposent tout naturellement. Aisément critiquable, cette Jeanne du Barry ravive en définitive la manière qu'avait Sacha Guitry de s'amuser avec l'Histoire de France. En l'appropriant à sa propre personnalité, avec humour et irrévérence, et en exploitant avec un certain chic et une fausse candeur ses aspects les plus romanesques.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Au fil(m) de 2023
Créée
le 17 mai 2023
Critique lue 173 fois
8 j'aime
D'autres avis sur Jeanne du Barry
En ces temps complexes où l’urgence souvent bien violente de l’actualité vient s’immiscer dans des œuvres supposément intemporelles, il faut faire abstraction de bien des éléments pour tenter...
le 17 mai 2023
90 j'aime
9
Pourquoi ? Pourquoi réaliser un biopic sur la du Barry en 2023, et le montrer en ouverture du Festival de Cannes ? La réponse évidente à la seconde question est qu'au moins, il n'est pas en sélection...
le 17 mai 2023
73 j'aime
2
Pourquoi tant d’acteurs jouent-ils aussi mal dans 𝐽𝑒𝑎𝑛𝑛𝑒 𝑑𝑢 𝐵𝑎𝑟𝑟𝑦 ? C’est la première question qui surgit tant le film de Maïwenn semble souffrir de performances largement en deçà de ce...
Par
le 22 sept. 2024
22 j'aime
Du même critique
Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...
le 28 mai 2022
79 j'aime
4
Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...
le 25 août 2021
79 j'aime
5
Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...
le 25 sept. 2021
72 j'aime
13