Jeremiah Johnson est un film australo-polonais, signé Syndey Pollack.
Plus sérieusement, il s’agit du sixième film du réalisateur, et de sa seconde collaboration – après Propriété interdite en 1966 – avec Robert Redford. Sur les 21 films de la carrière de Pollack, ils en feront 7 ensemble.
Le film est construit en deux parties que tout oppose, bien délimitées par un entracte. Deux parties chargées de sens : d’abord l’ascension de la montagne, dans le massif des Rocheuses, pour s’élever vers le ciel ; puis la descente, retour vers l’enfer des hommes. Chacune des parties s’ouvre sur quelques minutes musicales, une fantaisie que l’on retrouve également dans le Spartacus de Kubrick.
La première partie est globalement enjouée et compte de nombreuses pointes d’humour. On y découvre Jeremiah Johnson (qui l’eut cru), un cowboy solitaire dont on ne sait pas grand-chose, mais qui fuit les villes et la violence des hommes, pour mener une vie d’ermite et de trappeur dans la montagne.
C’est avec un petit sourire mesquin que nous suivons notre héros et ses premiers pas hors de la civilisation. Le voilà tombant à la renverse dans un ruisseau glacé en essayant maladroitement d’attraper un poisson, surpris par un indien sans son fusil à portée, ou bien galérant à allumer un feu... sous un sapin plein de neige. Autant de moments sans dialogues (Pollack déclara que Jeremiah Johnson était « son film muet »), mais qui ancrent habilement le récit dans un ton comique inhabituel pour un western.
Après ses premiers déboires, Johnson fait la rencontre de Chriss Lapp « Griffe d’Ours », redoutable chasseur de grizzlis, un papi sympathique qui va devenir son mentor et faire son initiation à la vie dans les montagnes. La séquence où le pauvre vieux est poursuivi par un ours, jusqu’à l’intérieur de sa cabane, relève quasiment du cartoon.
Le reste de la première partie est consacré à la constitution d’une famille pour Johnson. En homme charitable, il accepte d’abord de s’occuper d’un jeune gamin mutique, dont toute la famille vient d’être tuée par des Indiens, à l’exception de la mère, que le tragique événement à rendu complètement folle. Puis il est marié malgré lui à une squaw, Swan, la fille d’un chef de clan, ce dernier lui ayant offert sa fille en échange de chevaux et de peaux de bêtes. Celle-ci se révèlera piètre cuistot, mais avec le temps un couple heureux naît.
A mesure que notre héros s’élève dans la montagne, les touches humoristiques deviennent plus rares, et les nuages s’assombrissent au-dessus de cette vie en apparence paisible.
Avec le seconde partie – plus courte – , nous retrouvons certaines bonnes vieilles thématiques du western « classique ». La mort, puis le désir de vengeance prennent toute la place, à mesure que Jeremiah quitte les sommets pour redescendre dans la vallée, tuant un à un tous les Indiens-Corbeaux qu’il rencontre. A nouveau solitaire, le cowboy redevient mutique et violent.
Premier western à être présenté au festival de Cannes, en 1972, Jeremiah Johnson est aujourd’hui un classique des films de trappeurs. Danse avec les loups et plus récemment Into the Wild ont largement puisé leur inspiration dans le film de Pollack.
Petite trivia intéressante, le personnage de Jeremiah Johnson a vraiment existé, et s’appelait à l’origine John Garrison. L’adaptation et la réalisation de son histoire en film fut d’abord proposée à Sam Peckinpah, qui souhaitait que le rôle de Johnson soit interprété par Clint Eastwood. Un western bien différent, mais qui aurait également attisé toute ma curiosité !