Le jour où son patron (Ned Beatty) décide par jalousie de le faire muter à un poste de bureau, Miles Kendig (Walter Matthau) se réfugie en Autriche, où il commence à rédiger ses mémoires, dans lesquelles il révèle de nombreux secrets concernant la CIA et d’autres services secrets du monde. Ayant plusieurs services secrets aux trousses, Kendig se lance dans un immense jeu de piste dans lequel il n'a droit à aucune erreur…
Fidèle à son habitude, Ronald Neame, alors en fin de carrière, nous offre à nouveau un divertissement de haute tenue, plein d’une classe britannique décidément inimitable. Si le sujet offrait la voie à une délirante comédie, le film de Neame ne choisit jamais la pure comédie, préférant le film d’espionnage traditionnel, en nous intéressant à chaque détail du plan minutieux de Kendig pour faire tourner bourrique les services secrets américains et russes. Il en résulte un film étonnamment lent, mais dont la lenteur s’avère finalement une force, mettant en évidence le scénario d’une rigueur implacable, parfaitement écrit par Bryan Forbes et Brian Garfield, ce dernier adaptant ici son propre roman.
Mais ce qui compense le mieux la lenteur de l’ensemble, c’est la présence du génial Walter Matthau, qui nous prouve ici qu’il n’a rien à envier aux grandes figures du cinéma d’espionnage. A lui seul, il parvient à donner au film l’étincelle de vie qui qui le rend si captivant, volant la vedette aux pourtant excellents Ned Beatty, Sam Waterston, Glenda Jackson, et même Herbert Lom.
Sans compter qu’en bon amateur d’opéra, Matthau a été pour beaucoup dans le choix des morceaux de Mozart, Puccini ou Rossini qui rythment ses péripéties et achèvent de donner au film un cachet si particulier et si indissociable du cinéma britannique. Cinéma d’un grand classicisme, mais dont le film de Ronald Neame est une nouvelle preuve qu’il est décidément un des plus intemporels.