L'amour et l'effroi
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Sommarlek, 10ème œuvre du maître suédois, et première à marquer véritablement les esprits, est l'occasion pour Bergman de s'affirmer à travers un regard et des thématiques qui ne le quitteront plus. Ça n'est d'ailleurs probablement pas une coïncidence si l'un des thèmes centraux du film est le passage à la maturité, et en bien des façons Sommarlek fait l'inventaire des obsessions du cinéaste et fait office d'archive d'une partie de son développement intellectuel et affectif.
A ce titre, l'image -forcément évocatrice- du premier amour d'enfance en période estivale, vécu avec l'abandon et l'intensité dont ne sont capable que les jeunes âmes innocentes, et qui meurt une fois la saison passée, pour laisser place à l'apathie et la résignation froide et défiante quant au caractère insatisfaisant d'une réalité -d'adultes- dure et pragmatique, qui ne coopère pas avec les envies des hommes et ne leur offre soleil et repos qu'avec parcimonie; cette image, donc, connaît un retentissement direct chez Bergman, à un degré purement autobiographique d'abord (le réalisateur avait perdu son premier amour, rencontrée un été, à la polio) et, forcément, psychologique ensuite.
Il y a ici un discours sur l'art et les sacrifices qu'il exige, sur le passage d'une vie d'enfance insouciante à une vie d'adulte marquée par les devoirs, les regrets et les contrariétés, mais aussi -et plus significativement- sur l'acceptation de la mort et la finitude de la nature humaine, sur la capacité d'adaptation et de résilience de l'homme face à l'expérience du nihilisme, et-ce non pas en se murant hors du monde et de ses souffrances comme les stoïque, mais en se contentant d'apprécier avec désinvolture les plaisirs plus ou moins simple de la vie.
Enfin, il faut saluer la prestation pleine de mesure de Maj-Britt Nilsson, premier avatar féminin du maître suédois, qui retranscrit fidèlement et sans prendre une ride aussi bien l'authenticité et l'enthousiasme candide de l'été de son personnage que l'assurance désenchantée et résignée de l’hiver qui lui suit.
Créée
le 10 avr. 2019
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