Présenté au Festival de Cannes 2013 et nommé aux Césars, "Jimmy P." s'inspire des travaux du psychanalyste et ethnologue Georges Devereux, et notamment de son ouvrage "Psychothérapie d'un indien des plaines". Un projet d'adaptation qui tenait à coeur au cinéaste Arnaud Desplechin depuis de nombreuses années, et qui signe ici son second long-métrage en langue anglaise.
Alors qu'il aurait put tomber dans tous les pièges du cinéma hollywoodien, "Jimmy P." évite soigneusement tout pathos, toute grandiloquence mal placée, préférant jouer la carte de la sobriété, de la délicatesse, tout entier voué à son sujet complexe et difficile.
Ce n'est pas pour cela que Desplechin délaisse son cadre, bien au contraire, offrant des images soignées et un rythme plutôt soutenu, sans trop de longueurs, tout cela renforcé par une photographie magnifique et par une mise en scène d'un beau classicisme.
Radiographie sans fard de la médecine psychanalytique de l'époque et de la condition des vétérans après la guerre et de la communauté indienne, laissée sur le bord de la route et méprisée, "Jimmy P." trouve une majeure partie de sa force dans les rapports touchants mais jamais lourds entre ces deux personnages principaux. Ils sont interprétés avec un immense talent par Mathieu Amalric (un des rares comédiens français à être bon dans la langue de Shakespeare) et surtout par un Benicio Del Toro émouvant, plein de fêlures, bouffant une fois de plus la pellicule.