Je n'ai pas étudié la psychanalyse, j'en ai eu quelques cours lors de mon parcours scolaire, sans plus. Et j'avoue que je ne suis pas totalement convaincu par cette médecine. Mais elle m'intéresse. J'aime l'idée que les mots puissent cacher des maux.
Le scénario est basé sur un dialogue. Un dialogue entre un patient et son médecin (un anthropologue). Ensemble, ils vont tenter de démêler ce qui se trame dans la tête du patient. C'est assez prenant du début à la fin. Je craignais une trop grande distanciation comme dans bon nombre de film sur la médecine. Finalement, on entre assez bien dans le sujet. Du coup, on évite pas quelques révélations faciles qui permettent de faire avancer l'intrigue par moment. Ceci dit, les auteurs s'en sortent très bien durant les deux premiers tiers ; c'est à la fin qu'on les sent bloqués, comme s'ils avaient abattus toutes leurs cartes et qu'ils devaient en sortir de nouvelles d'un autre paquet. Mais bon, l'essentiel étant déjà dit, cette faute de rythme ne choque pas. Autre petits bémols : l'amourette qui n'est là que pour faire respirer le récit la respiration est utile mais elle aurait sans doute pu être amenée autrement) et les problèmes de santé du docteur qui sont tellement sous-exploités qu'on se demande si c'était bien utile de les insérer.
La mise en scène est globalement sobre et efficace. Juste quelques effets de style à un moment, je ne sais plus trop si c'était le début ou la fin, mais le patient fait ses premières interprétations, les premières clefs sont ainsi dévoilées, alors le réalisateur s'autorise quelques effets de zoom un peu trop démonstratifs. Pour le reste ça passe assez bien. La photographie est léchée et la sobriété du découpage permet aux acteurs de briller : Del Toro d'abord, simple et pourtant si charismatique ; Amalric ensuite, qui est plus dans le rôle de composition et donc dans l'exercice de style, mais il le fait si bien qu'on lui pardonne. La musique n'est pas forcément discrète, mais elle ne dérange jamais pour autant ; elle aide à mieux faire passer ces longs échanges (passionnants, certes, mais longs).
Bref, "Jimmy P." est un film intéressant, mettant assez bien en image (l'idée que je me faisais de) la psychanalyse (évidemment, c'est très cinématographique, les personnages sont trop lucides pour être vrais, je suppose, n'ayant pas lu le livre, que l'auteur aura pris quelques raccourcis).