Voici le second dernier film que je vois cette année et forcément ça fait quelque chose et il ne faut pas se rater, sinon on aura l'impression que le vieux est devenu gaga. Miyazaki ne s'était pas raté, ça tombe bien Loach non plus.

C'est toujours la même chose qui anime les personnages de Loach, le désir de liberté et le refus de toute forme de domination, et ça c'est fort. C'est quelque chose parle à tout le monde, ce désir d'être libre, de n'avoir personne pour nous donner des ordres.

Jimmy's Hall est un film très riche et pourtant très simple, l'histoire d'une communauté qui veut maintenir un dancing ouvert face à un prêtre dogmatique. Ken Laoch a touché le sympathisant communiste en moi, il y a une sorte de pureté dans le message du film qui m'aurait presque fait oublier mon cynisme. Cet idéal où les gens s'éduquent entre eux afin de s'améliorer, participent à des discussions pour prendre des décisions. C'est un peu la société idéale.

D'ailleurs je trouve ça très beau comme idée, de voir des gens qui de leur propre aveux n'ont pas fait de longues études enseigner ce qu'ils savent, parler de livres qu'ils ont lu. On sent que ces fermiers ont une soif de culture et de connaissance, ils ne sont pas dans le mépris de celles-ci. Or le parallèle peut être vite fait avec ce qui se passe de nos jours où au contraire les pauvres vont volontairement s'abrutir au lui de tenter de s'élever et ainsi rendre service à ceux qui les exploitent. Pire encore si on leur met devant les yeux leur domination ils sont tellement pervertis qu'ils vont jusqu'à défendre le système.

Du coup cette idée m'a vraiment touchée, cette idée créer un lieu de partage de la connaissance, de savoir faire. De nos jours on pourrait dire qu'internet est un tel lieu, mais il n'a pas la convivialité d'un lieu où l'on peut rire, danser, chanter ensemble. On a perdu le contact humain. Mais une chose n'a pas changée, les ignorants sont toujours là pour tenter de faire taire ceux qui ont quelque chose à apporter.

Une autre chose que j'ai beaucoup appréciée c'est le personnage de Jimmy qui est un leader naturel, il parle très peu, il est surtout beaucoup de plans, mais est souvent en retrait avec les autres qui parlent de lui. Il catalyse toute l'attention de cette communauté. Fascinant. D'ailleurs on lui reproche d'être communiste, alors que dans le film il ne "prêche" pas le communisme, il veut juste avoir son dancing. On se retrouve avec un climat de "chasse aux sorcières", il est communiste, il n'est pas croyant, alors forcément il nous veut du mal.

Cependant, comme souvent chez Loach on n'est pas dans une Internationale Communiste, c'est juste des communistes qui veulent vivre au lieu de survivre. Ici Jimmy est très attaché à sa terre, l'indépendance de l'Irlande n'est qu'évoquée ici, mais on connaît l'attache de Jimmy à cette cause. Ici le communisme représente la lutte contre l'oppression et le dogmatisme.

Mais surtout le film est beau et tendre, j'aime beaucoup la relation de Jimmy avec son ancienne amie, j'aime cette thématique de l'amour perdu, du temps qui a passé et du fait que ça ne sera jamais comme avant. Mais j'ai adoré ce qu'ils font par moments pour maintenir juste l'illusion de cette passion passée.

Et puis tout le film transpire le Ken Loach, c'est avec un plaisir non dissimulé que je retrouve les accents dégueulasses qu'il peut nous dégoter (bien que plus compréhensibles que d'habitude), ces petites gens, ces personnes simples qui ont des idéaux.

D'ailleurs je ne peux qu'envier les idéaux d'un type comme Loach qui parvient à garder ses convictions et qui parvient à nous montrer que la lutte continue.

Pour cela c'est un film assez proche de ses précédents, c'est porteur d'un message d'espoir, alors c'est moins jovial que la part des anges, mais tout de même, le film parvient à être drôle et à comporter des beaux moments de bonheur fugace, qui malheureusement peine à se pérenniser.

Ce n'est pas le meilleur film de Loach, j'ai toujours ma préférence pour Just a Kiss, Le vent se lève ou même Sweet Sixteen, mais tout de même ! C'est un bel adieu au cinéma.
Moizi
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le 3 juil. 2014

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Moizi

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