Avant toute chose : Jimmy's Hall n'est pas un film sur la danse. Si vous vous attendez à une énième variation sur le thème de "Footloose" dans les années 30, vous allez être surpris.
Certes, Jimmy ouvre son "dancing" et doit faire face à l'opposition du clergé et des notables du coin, qui feront tout pour l'arrêter. Mais le "Hall" qui a donné son titre au film n'est pas juste un endroit pour danser. S'il y a bien des soirées dansantes organisées (ah, la musique irlandaise !), c'est surtout un lieu d'apprentissage ou des volontaires viennent enseigner le chant, le dessin, la boxe, la poésie...
Et ce qui dérange les gens bien-pensants, ce n'est pas tant la danse que cet apprentissage : Jimmy est communiste. D'ailleurs, tout ce principe de gens qui enseignent bénévolement, ça pue le communisme à plein nez. Que vont-ils donc mettre dans la tête de nos enfants ? Et s'ils allaient leur apprendre à penser par eux-mêmes ? C'est cette peur du communisme qui pousse prêtres et propriétaires terriens à s'allier contre Jimmy.
Et "Jimmy's Hall" est l'histoire de cet affrontement.
On pourrait reprocher au film de manquer de nuance : les gentils-pauvres-communistes-solidaires qui n'aspirent qu'à profiter en paix du "Hall", et les puissants-riches-bigots-réactionnaires qui ne veulent pas les laisser tranquilles. Mais ce serait sans compter les personnages des deux prêtres : leurs craintes, leurs doutes, leurs erreurs... il en est fait un portrait profondément humain.
Mais le personnage principal de "Jimmy's Hall" ce n'est pas Jimmy, ce n'est même pas le "Hall" : c'est l'Irlande. Elle est partout : son histoire dans les regards lourds et les épaules voûtées, sa terre dans la campagne grise, mais également la musique (on n'en a jamais assez !) et les accents... (à voir en VO absolument !)
"Jimmy's Hall", c'est un film qui vous fait aimer l'Irlande.