C'est un film d'une actualité confondante avec ce qui se passe en ce moment en France. C'est drôle de l'avoir vu pour la première fois durant cette période étrange que l'on traverse, à mi chemin entre état policier et démocratie sur la tangente.
Jin-Rôh raconte le Japon d'après la seconde guerre mondiale. Un japon qui pense ses plaies, qui essaie de se reconstruire mais se voit confronter aux exactions d'une résistance qui se fait appeler "La Secte". Une milice spéciale est donc créé pour arrêter avec les moyens dont elle juge nécessaire cette opposition. Lors d'une opération dans les égouts pendant une manifestation qui a vu une bombe être lancée sur les policiers, la brigade spéciale arrive à neutraliser un groupe appartenant à La Secte. Tenant en joue une fille transportant une bombe prête à être livrée, elle préfère se faire exploser plutôt que se rendre à la brigade.
Variation autour du Petit Chaperon Rouge (c'est d'ailleurs le nom dont sont affublés les petites filles transportant les bombes), le film est d'une force inouïe d'interprétation malgré les longueurs et la pointe d'ennui qui découle du film. Il était au départ prévu que le film soit fait en prises de vues réelles, mais il fut décidé d'en faire un film d'animation suite à la nomination d'un réalisateur qui a déjà travaillée dans le domaine de l'animé. Scénarisé par le dieu Mamoru Oshii (oui, ce type est un dieu vivant pour moi), le film nous plonge dans les mandres d'une société qui mange ses enfants, les pousse soit à se détruire, soit à se battre jusqu'à la mort pour une liberté qu'ils n'ont que peu gouté.
Aucunement manichéen, plongeant la tête la première dans l'horreur d'un état qui se définit par une sécurité extrême, tout devient horrible et personne n'est digne de confiance. C'est un monde désespérant qui est dépeint, où la moindre once d'humanité et de fraternité disparait pour laisser place à la manipulation et la traitrise. Un monde où les loups mange les petites filles, qui n'ont plus rien d'innocentes.
C'est un chef d’œuvre d'un pessimisme noir, d'une facture graphique magnifique et d'un scénario incroyable de fond. Il est incroyable, et fait très bien réfléchir sur les conséquences d'une logique ultra-sécuritaire. J'en étais retourné à la fin, avec cette scène tout en symbolisme macabre pour clôturer le long-métrage.