Nicolas Cage est devenu depuis une dizaine d’années la tête à claques des cinéphiles. Ayant travaillé dans les années 80 et 90 avec les plus grands (de son oncle Francis Ford Coppola à David Lynch, en passant par John Woo, Brian De Palma et les frères Coen), le passage aux années 2000 aura été très difficile pour l’acteur aux mille et une coupes de cheveux : malgré quelques réussites indéniables (Lord of War, Bad Lieutenant, The Weather Man), il n’a fait qu’enchaîner des navets tous plus irregardables les uns que les autres (Ghost Rider, Le Pacte, Benjamin Gates et autres séries B d’action aussi profondes qu’une interview de l’équipe de France). Après des années d’échecs consécutifs, Joe sonne comme une résurrection. Et pas seulement pour Nicolas Cage. A la réalisation, David Gordon Green, l’un des porte-étendards du cinéma indépendant US au début des années 2000 (George Washington, Snow Angels, Undertow) qui, après sa rencontre avec la Team Apatow, s’était tourné vers la comédie grasse et vulgaire, entre autre avec ses collaborations fréquentes avec Danny McBride sur des œuvres aussi subtiles que Délire Express, Votre Majesté et surtout la série HBO Kenny Powers.

Joe c’est la rencontre de ces deux hommes : un has-been dépassé et un touche-à-tout qui revient aux sources. Le film raconte l’histoire d’un ex-taulard qui se lie d’amitié avec un ado en perte de repères. On pense à Mud, de Jeff Nichols, sorti l’an dernier, mais le Texas profond sonne différemment des rives du Mississippi. Joe est un film sale, violent, dans sa mise en scène et dans sa narration. On pourra reprocher à Gordon Green d’oublier parfois la subtilité au profit d’émotions assez simples et de scènes dont les fins sont vite définies, le scénario étant à cette image relativement prévisible. Mais le réalisateur sait filmer le Texas, comme il l’a déjà prouvé maintes fois au cours de sa carrière (et encore récemment dans Prince of Texas).
Cependant l’intérêt de Joe ne se situe pas ici : c’est un film d’acteurs. Deux têtes d’affiche : à ma droite Nicolas Cage, à ma gauche Tye Sheridan, qui crevait déjà l’écran dans Mud et The Tree of Life. Les deux sont incroyables et portent le film sur leur bras, deux performances énormes qui méritent à elles seules de voir le film, qui sans eux n’aurait pas eu la même saveur.

A défaut d’être un indispensable, Joe c’est une curiosité à tenter. Voir Nicolas Cage dans un véritable rôle de composition, c’est pas tous les ans qu’on voit ça, de même qu’un film sérieux de la part de David Gordon Green. Joe est un film imparfait, dont on aurait été en droit d’attendre davantage, mais la mise en scène brutale et les performances réussies des interprètes principaux nous permettent d’espérer un avenir radieux pour les différents intervenants du film. Joe c’est un film d’un profond pessimisme, mais qui nous permet paradoxalement d’espérer au-delà de son statut d’œuvre : les belles histoires à Hollywood ça existe encore.
Vivienn
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le 7 mai 2014

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Vivienn

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