Joe Dakota

"Joe Dakota" est un western réalisé en 1957 par un certain Richard Bartlett qui a été un acteur et un réalisateur de quelques séries B avant de partir faire des séries à la télé. Ce western n'a pratiquement pas été distribué en France à part dans certains cinémas au quartier latin qui passait volontiers des films en VO à l'époque.
Patrick Brion et Bertrand Tavernier l'ont réexhumé pour le diffuser chez Sidonis pour notre plus grand plaisir …

Oui, plaisir, car "Joe Dakota" reprend l'histoire d'"un homme est passé" qui était sorti en 1955 mais avec une tonalité complètement différente. C'est un remake sans en être vraiment un.
Déjà l'histoire est différente puisqu'au lieu d'un japonais, il s'agit ici d'un vieil indien qui était propriétaire d'un terrain "pétrolifère" convoité par un homme qui convainc le village de se débarrasser de lui. Et s'il fallait dater le moment de l'action de "Joe Dakota", je dirais fin du XIX ème au plus tard.
Il y a donc aussi l'idée de la culpabilité collective complétée ici par une rédemption en abandonnant la recherche du profit "facile" du pétrole et en réhabilitant la mémoire du vieil indien.
Comme dans un "homme est passé", c'est un officier de l'armée qui vient enquêter sur ce qui s'est passé. Sauf qu'ici, le vieil indien était un ancien soldat et ami de l'officier et se sentant menacé, l'a appelé à l'aide.

Mais là où le film prend un certain intérêt, c'est dans la façon de présenter les choses. Et cela est dû à plusieurs facteurs :
- La personnalité et le comportement de l'acteur principal qui joue le rôle de l'officier : Jock Mahoney, que je ne connais pas particulièrement, mais qui a des allures de Randolph Scott avec une certaine nonchalance et une attitude apparemment complaisante. Il dit toujours oui mais n'en fait qu'à sa tête.
Sa filmographie montre qu'il a été un cascadeur en même temps qu'acteur.
- La musique du film est une petite ritournelle que va chanter Jock Mahoney et qui est agréable et assez entêtante puisqu'une des actrices du film va la reprendre ...
- Justement, cette actrice, Luanna Patten (que je ne connais pas plus) est mise en scène superbement dans une rencontre impromptue avec Jock Mahoney dans le village où elle est seule présente et où elle apparaît au détour d'une maison sur un fond de ciel bleu et dans une belle robe jaune. La rencontre est charmante et on voit tout de suite qu'un fluide invisible relie dans l'instant les deux acteurs. A cause aussi du dialogue où les réponses aux questions de l'un ou l'autre sont ou décalées ou sans importance.
- Les cadrages du film qui sont à la fois simples et signifiants
- Certains plans inhabituels dans un western où les acteurs aspergés par le pétrole jaillissant sont noirs de pétrole : l'image de tous les personnages complètement noirs dans un beau paysage est assez saisissante tout comme le soleil qui luit à travers les gouttes de pétrole.
- le film fourmille de petites trouvailles comme la scène du bain de Jock Mahoney dans l'abreuvoir municipal qui pousse son cheval afin qu'il puisse converser tranquillement avec Luanna Patten qui est à la fenêtre de sa maison.

Parmi les autres acteurs, notons la présence de Lee Van Cleef et Claude Akins dans le rôle de deux fier à bras qui se prennent une trempe soignée par Jock Mahoney qu'ils ne voient pas venir. Scène qui n'est pas sans rappeler celle de Spencer Tracy où il corrige de belle façon un malfaisant malgré son bras unique. A mon avis, la scène, qui n'a pas spécialement d'importance dans le western, est là pour que les amateurs de western ne soient pas trop frustrés par le manque de bagarres...

Oui, un western qui a un charme indéniable, à la fois désinvolte, déconcertant et sympathique que je recommande volontiers